PUNISHER (1989)

Dolph Lundgren entre dans la peau d'un "héros" adepte de la justice expéditive, tout droit issu des pages des comics Marvel

THE PUNISHER

1989 – USA

Réalisé par Mark Goldblatt

Avec Dolph Lundgren, Louis Gossett Jr, Jeroen Krabbé, Kim Miyori, Nancy Everhard, Barry Otto, Brian Rooney

THEMA SUPER-HEROS I SAGA MARVEL

Le Punisher est un pur produit de son époque. Né en 1974 sous la plume de Ross Andru et le crayon de Gerry Conway, il s’inscrit dans la vogue d’autojustice popularisée au cinéma par des films tels que L’Inspecteur Harry ou Un Justicier dans la Ville, eux-mêmes générés par une remise en cause des institutions américaines consécutives à la guerre du Vietnam et au scandale du Watergate. Cet ex-flic transformé en justicier/juge/bourreau est d’abord apparu en guest star d’une série d’aventures de Spider-Man avant d’avoir droit à ses propres publications. A la fin des années 80, le cinéma d’action US étant gorgé de testostérone dans la foulée des exploits de Mel Gibson, Bruce Willis, Sylvester Stallone, Arnold Schwarzenegger, Chuck Norris ou Jean-Claude Van Damme, une adaptation sur grand écran des exactions du Punisher semblait alléchante. La compagnie New World Pictures fondée par Roger Corman s’efforça donc de mettre toutes les chances de son côté. Devant la caméra : Dolph Lundgren, une montagne de muscles découverte dans Rocky IV, Les Maîtres de l’Univers et Le Scorpion Rouge. Derrière la caméra : Mark Goldblatt, superstar du montage (HurlementsTerminator, Rambo 2, Commando) réalisant là son second long-métrage après le sympathique Flic ou Zombie. Dans l’esprit du comic book qui l’inspire, le film assume une tonalité très sombre et une violence décomplexée.

Ancien policier ayant assisté impuissant à la mort de sa femme et de ses enfants, Frank Castle a disparu de la circulation pour réapparaître sous les traits du Punisher, qui aurait déjà tué 125 membres de la pègre. Réfugié dans les égouts de la ville, il médite nu et monologue intérieurement sur ses motivations, quand il n’arpente pas les rues sur sa moto pétaradante pour jouer de la gâchette. Les puristes regrettent d’emblée l’absence de tête de mort sur la tenue noire du anti-héros, un logo emblématique dont la production décida de se priver. Quelques astuces tentent bien de rattraper cette carence (le maquillage de Lundgren qui lui donne presque des allures de tête de mort, le crâne que l’on voit sur le manche de ses couteaux) mais le célèbre uniforme du Punisher brille malgré tout par son absence.

Le muscle saillant et le regard éteint

Cela dit, le problème majeur du film est d’avoir expédié le trauma initial du héros dans un flash-back minimaliste. Il devient dès lors impossible de s’identifier à lui, d’autant que Lundgren s’avère particulièrement inexpressif malgré son indéniable présence physique. Or parvenir à faire jaillir – même furtivement – une lueur d’humanité dans ce regard éteint eut été un atout indéniable pour conférer au personnage un minimum d’épaisseur. Le public peu regardant se satisfait alors des généreuses séquences d’action, de poursuites et de fusillades qui inondent massivement l’écran, notamment lors des divers affrontements entre le Punisher, les mafieux américains et les redoutables yakusas qui leur volent la vedette. Petit plaisir coupable sans grande conséquence, Punisher aura souffert de critiques globalement assassines et des difficultés financières de New World l’empêchant de sortir en salles sur le territoire américain.

© Gilles Penso

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