L’EXORCISTE : AU COMMENCEMENT (2004)

Une prequel de L'Exorciste confuse et maladroite, commencée par Paul Schrader et reprise par Renny Harlin

EXORCIST – THE BEGINNING

2004 – USA

Réalisé par Renny Harlin

Avec Izabella Scorupo, Stellan Skarsgard, James d’Arcy, Remy Sweeney, Julian Wadham, Andrew French, Ralph Brown 

THEMA DIABLE ET DEMON I SAGA L’EXORCISTE

Les remontages que L’Exorciste a subi au fil de ses réexploitations à l’écran, tout comme les séquelles dont il fut affublé, ne font que confirmer le caractère unique et inimitable du film de William Friedkin. Mais le filon fut suffisamment rentable pour motiver la mise en chantier d’une préquelle. D’où cet Exorciste – le commencement confié à Paul Schrader, lequel fut éjecté du projet lorsque ses images et son montage parvinrent aux patrons de Warner. Renny Harlin fut donc chargé de rafistoler l’ensemble, un choix qui peut surprendre dans la mesure où le réalisateur de 58 Minutes pour Vivre et Cliffhanger est à priori plus à l’aise avec l’action grand public que l’épouvante et le surnaturel. a séquence d’introduction, située en pleine antiquité, nous montre un pèlerin harassé par le soleil, arpentant une plaine jonchée de cadavres. Bientôt, il découvre à perte de vue des milliers d’hommes crucifiés sur des croix à l’envers. Hélas, les trucages et les mouvements de caméra choisis par Harlin (façon jeu vidéo) amenuisent considérablement l’impact d’une scène qui aurait mérité un traitement plus réaliste.

L’intrigue nous transporte ensuite au Caire, en 1949, et nous familiarise avec Lancaster Merrin, un ancien prêtre en pleine crise de foi ayant troqué la soutane contre une défroque d’archéologue sur le retour. Version dépenaillée d’Indiana Jones, Merrin se voit confier l’expertise d’une église vieille de 1500 ans qui vient d’être mise à jour à Nairobi, et qui abriterait la statue d’un démon sumérien. Sur place, Merrin rencontre Sarah, une jolie doctoresse rescapée de la Shoah, et Jeffries, un chef de chantier alcoolique, hideux et libidineux. Il découvre également que les événements étranges se succèdent avec une fréquence alarmante autour du site archéologique. Les ouvriers disparaissent par douzaines, le responsable des fouilles devient fou et se suicide, un enfant est déchiqueté par une horde de hyènes, une femme accouche d’un mort-né infesté de vers, un enfant prénommé Joseph présente bientôt tous les symptômes de la possession diabolique…

« Le Mal est en chacun de nous… »

Campé sur ses positions agnostiques, Merrin déclare à Sarah : « il est très facile de croire que le Mal est une entité, mais en réalité il est en chacun de nous. » Mais ses convictions tressaillent peu à peu, le film s’efforçant d’emprunter le schéma narratif connu de l’homme retrouvant la foi grâce à un choc psychologique. Ce dernier prend la tournure d’une séance d’exorcisme, passage obligatoire de la franchise. Et si L’Exorciste – le commencement parvient à soutenir sans trop de mal l’intérêt du spectateur, en grande partie grâce à la conviction de ses comédiens, tout bascule lors de cette ultime séquence, parodie involontaire du film de Friedkin qui abuse des trucages numériques et des effets choc grotesques, prouvant l’incapacité du réalisateur à appréhender sérieusement un sujet au potentiel pourtant énorme. L’ultime image est celle de Merrin, redevenu prêtre, s’éloignant comme Lucky Luke au coucher du soleil en arborant sa célèbre panoplie (manteau noir, chapeau et valise), aux accents d’une partition imitant imperceptiblement le « Tubular Bells » de Mike Oldfield.

 

© Gilles Penso