BIEN JOUÉ MATT HELM (1966)

Dean Martin continue à rouler des mécaniques en se prenant pour James Bond face à des super-vilains qui cherchent à transformer le soleil en arme redoutable

MURDER’S ROW

1966 – USA

Réalisé par Henry Levin

Avec Dean Martin, Ann-Margret, Karl Malden, Camilla Spary, James Gregory, Beverly Adams, Richard Eastham, Tom Reese

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION

Au cours du prologue de ce second Matt Helm, nous découvrons un étrange rayon lumineux qui plane au-dessus de Washington, à la manière d’une aurore boréale. Puis soudain tout s’embrase, le capitole est détruit et la ville dévastée. Mais qu’on se rassure, ce n’est qu’une maquette, une simulation effectuée dans le repaire des méchants de Big Zéro qui entendent bien contrôler la plus grande puissance nucléaire du monde, autrement dit le soleil. Nom de l’opération : « désastre ». Pour éviter qu’on ne lui mette des bâtons dans les roues, le mystérieux chef de l’organisation ordonne à son homme de main Ironhead (Tom Reese) d’éliminer plusieurs agents de l’ICE à travers le monde. D’où une succession de meurtres un peu loufoques. L’ultime cible de nos vilains est Matt Helm, toujours prompt à roucouler en roulant des mécaniques et en photographiant des pin-up dans son appartement bourré de gadgets.  

Victime d’un piège, notre héros meurt subitement dans l’explosion de sa baignoire. A son enterrement (qui se déroule dans un bar !), une dizaine de veuves éplorées sont adossées au comptoir. Mais évidemment, cette mort n’est qu’une ruse du gouvernement qui permettra à Helm de partir discrètement sur la Côte d’Azur afin d’enquêter sur Norman Solaris (Richard Eastham), inventeur d’un rayon de la mort à l’hélium. Son contact sur place est la belle Dominique, mais celle-ci est assassinée et notre espion se retrouve accusé de meurtre (après une piteuse scène de trémoussage puis de bagarre dans un night club animé par trois pseudo-Beatles). Helm s’allie alors avec la fille de Solaris, à la recherche de son père kidnappé. Dean Martin continue donc à tomber les filles et à se promener dans le film avec une nonchalance débonnaire un brin agaçante. Il lâche régulièrement un bon mot, même dans les situations les plus critiques, et comme les événements semblent le laisser parfaitement indifférent, le spectateur adopte vite la même attitude. 

« Excuse-moi, Frank ! »

Pour rythmer un métrage par ailleurs assez poussif, Henry Levin multiplie les séquences d’action audacieuses, notamment la capture de Helm par une immense grue au-dessus du port de Marseille, le pilotage à grande vitesse d’un aéroglisseur dans les rues de la ville, une poursuite automobile mouvementée, la voltige d’Ironhead collé à un électro-aimant géant ou encore une course finale entre deux hovercrafts. Quelques gadgets égayent également les péripéties, notamment un pistolet réfrigérant, un briquet qui lance des fléchettes, un lance-flammes miniature ou encore un revolver qui ne tire que dix secondes après qu’on ait appuyé sur la gâchette (et qui nous vaut un gag à répétition un tantinet lourdaud). Signataire de la bande originale, Lalo Schifrin pare le film d’une sympathique partition jazzy dont on retrouve certains accents de Mission impossible dans les scènes de suspense. Dean Martin pousse lui-même la chansonnette au cours du générique de fin, non sans avoir préalablement cligné de l’œil vers son collègue Sinatra. Au cours d’une scène de bagarre, il lance ainsi un engin explosif contre le mur d’une discothèque ornée d’une grande photo du crooner, avant de lâcher : « excuse-moi, Frank ! »

 

© Gilles Penso

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