LES ENTRAILLES DE L’ENFER (1982)

Un slasher qui se transforme en film de cannibale puis en histoire de possession, à grand renfort de métamorphoses excessives

THE BEAST WITHIN

1982 – USA

Réalisé par Philippe Mora

Avec Paul Clemens, L.Q. Jones, Ronny Cox, Bibi Besch, Don Gordon, R.G. Armstrong, Katherine Moffat, Meshach Taylor, Luke Askew, John Dennis Johnston

THEMA DIABLES ET DEMONS

Voilà un film qui échappe un peu à tout classement tant on distingue mal le véritable sujet de son scénario alambiqué, rédigé par Tom Holland d’après un roman d’Edward Levy. Tout commence comme un slasher des plus traditionnels. Les MacCleary, un couple de jeunes mariés, sont victimes d’un petit accident en pleine nuit, sur une route abandonnée. Le mari s’en va quérir des secours, l’épouse reste seule dans la voiture, et bientôt une silhouette s’approche d’elle lentement à travers bois, en traînant la patte et en respirant fort comme n’importe quel serial killer post-Michael Myers. La suite surprend un peu plus. Car au lieu de pourfendre la jeune victime d’un bon coup de hache ou de machette, l’agresseur bestial la couche par terre et la viole sans vergogne ! Et nous voilà projetés 17 ans plus tard. Le fruit de cette union forcée est Michael, un jeune adolescent que l’époux a reconnu comme son fils, mais qui semble souffrir d’une maladie congénitale inconnue. Et tandis que les parents décident de chercher le père biologique de leur rejeton, celui-ci s’enfuit de l’hôpital où il est soigné et attaque un des habitants de la petite ville en le dévorant vivant, avec force jets de sang bien craspecs.

Serions-nous donc en présence d’un récit à base d’anthropophagie, une sorte de « I Was a Teenage Cannibal » ? Non, car le film change à nouveau de cap. Michael continue à trucider les citoyens, mais de façon bien moins carnassière. Il embaume vivant un croque-mort, électrocute un vagabond, et le public, un peu déboussolé revient alors à sa première impression : The Beast Within est un slasher. Jusqu’à ce que le scénario ne nous apprenne que Michael est possédé par l’âme de son père, qui fut séquestré pendant des années dans une cave et nourri de cadavres, pour avoir couché avec la femme d’un des hommes de la bourgade. Alors nous y voilà : nous avons affaire à une histoire de possession. C’est en tout cas ce que confirme cette scène photocopiée sur L’Exorciste dans laquelle Michael, sanglé sur un lit, pousse des cris gutturaux en secouant son visage livide.

Un monstre humanoïde boursouflé

Puis d’un seul coup, sans crier gare, le jeune homme se métamorphose de la manière la plus outrancière qui soit, ce qui permet au maquilleur Tom Burman de s’en donner à cœur joie. D’abord spectaculaire (le visage enfle de toutes parts, le cou s’allonge, la nuque se déchire), ensuite fort bizarre (une langue démesurée surgit de la tête du comédien, remplacée de manière évidente par une réplique en latex assez figée), puis franchement grotesque (la tête finit par prendre la forme d’un ballon de baudruche sur le point d’exploser), la transformation n’en finit plus et aboutit à une sorte de monstre humanoïde et boursouflé. La dernière partie du film s’apparente alors au monster-movie classique, avec filles qui crient, hommes qui s’enfuient à toutes jambes, repli des survivants dans un commissariat et décapitations à mains nues avant le coup de fusil final et libérateur. Bref, Les Entrailles de l’Enfer, c’est un peu la foire d’empoigne du film d’horreur, le fruit bizarroïde d’un scénario mutant qui, à force de ne pas savoir où aller, ne va finalement nulle part et laisse un peu indifférent.

 

© Gilles Penso

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