LES VAMPIRES DE SALEM (1979)

Tobe Hooper s'empare du second roman de Stephen King et en tire un long téléfilm riche en émotions fortes

SALEM’S LOT

1979 – USA

Réalisé par Tobe Hooper

Avec James Mason, David Soul, Bonnie Bedelia, Lance Kerwin, Reggie Nadler

THEMA VAMPIRES I SAGA STEPHEN KING

Second roman de Stephen King sorti en librairie après « Carrie », « Salem » est humblement considéré par son auteur comme une imitation littéraire de « Dracula ». Mais si l’influence de Bram Stoker est indéniable, King parvient à moderniser le thème du vampirisme et à y intégrer les composantes de son propre univers. George Romero et Larry Cohen sont tour à tour envisagés pour adapter le roman à l’écran, jusqu’à ce que Tobe Hooper accepte le challenge de transposer le livre sous forme d’un téléfilm de trois heures. Transfuge de la série Starsky et Hutch David Soul incarne le romancier Ben Mears, revenant dans la petite ville de Salem’s Lot, où il vécut jusqu’à l’âge de onze ans, pour y écrire son nouveau roman. Il s’intéresse tout particulièrement à la sinistre maison des Marsten, qui se dresse à l’entrée de la bourgade et que Tobe Hooper filme comme la demeure de Norman Bates dans Psychose. Un vieil antiquaire, Straker (James Mason), habite la vénérable demeure et vient d’ouvrir une boutique en ville, mais son associé Kurt Barlow reste invisible. Très vite, le spectateur se doute que quelque chose ne tourne pas rond chez Straker, surtout lorsqu’il se fait livrer une caisse de taille humaine dans la cave de sa maison.

Une scène étonnante marque le début du drame. On y voit un enfant vampire flotter devant la fenêtre de la chambre de son grand frère en pleine nuit, au milieu d’un ciel brumeux. C’est donc par les enfants que se transmet le vampirisme dans Salem’s Lot, le seul qui y échappe étant celui qui connaît par cœur les films de vampires et qui repousse ses assaillants avec un crucifix provenant de son diorama Dracula. L’horreur et l’humour se côtoient ainsi dans Les Vampires de Salem, qui repousse assez loin les limites de ce qui était alors autorisé à la télévision américaine. Les suceurs de sang y sont blafards, affublés d’yeux brillants et de canines proéminentes.

Hommage à Nosferatu

Mais c’est le maquillage de Barlow (incarné par Reggie Nalder) qui s’avère le plus saisissant. Cette réadaptation au teint bleuâtre et aux dents acérées du Nosferatu de Murnau est l’œuvre du maquilleur éclectique Jack H. Young, ayant œuvré tour à tour pour Bert I. Gordon (The Cyclops), Francis Ford Coppola (Apocalypse Now) et David Cronenberg (Chromosome 3). Le parti pris s’éloigne de celui du roman, dans lequel le vampire était un aristocrate émule du Dracula de Bram Stoker. Ici, Hooper évacue tout romantisme au profit de la bestialité et de la monstruosité, Barlow n’apparaissant qu’au bout de deux heures de métrage pour mieux surprendre les téléspectateurs. Certes, la mise en scène reste assez télévisuelle, ponctuée par les sempiternelles coupures publicitaires, et les séquences d’épouvante s’avèrent plutôt théâtrales. Mais le film reste très efficace, soigné dans sa facture, respectueux de l’univers de Stephen King et servi par des comédiens convaincants. Hooper redevient un peu lui-même au cours du huis clos final situé dans la maison. Les animaux empaillés, les ossements jonchant le sol décrépit, le décor poisseux et l’incursion d’un soupçon de gore nous rappellent que Hooper signait quelques années plus tôt Massacre à la Tronçonneuse. Des scènes alternatives un peu plus violentes sont d’ailleurs tournées pour la version courte européenne qui sera exploitée en salle.

 

© Gilles Penso

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