HUNDRA (1983)

Laurene Landon promène sa silhouette athlétique dans cette aventure d'heroïc-fantasy mouvementée et féministe

HUNDRA

1983 – ITALIE / ESPAGNE

Réalisé par Matt Cimber

Avec Lauren Landon, John Ghaffari, Marisa Casel, Ramiro Oliveros, Luis Lorenzo, Victor Gans, Cristina Torres

THEMA HEROIC FANTASY

A une époque indéterminée qu’on imagine à mi-chemin entre l’antiquité et le monde barbare, une tribu d’Amazones recluse dans la forêt est décimée par une armée de guerriers sanguinaires. Seule Hundra la chasseresse, partie en quête de gibier, échappe au massacre. Prise en chasse par la horde sauvage, elle s’enfuit à travers les montagnes, au cours d’une longue chevauchée éreintante. Alors qu’elle est acculée, elle lutte seule contre ses poursuivants et les élimine tous à coup d’épée. Désormais, sa lourde tâche sera de repeupler la tribu des Amazones en se laissant féconder par un homme robuste. Mais trouver le mâle idéal pour « planter la graine » n’est pas si simple. Lors de sa quête, elle doit encore affronter quelques nains agressifs, une brute quasi-préhistorique et surtout les gardiens d’une cité antique dont le dieu est un buffle. 

Si Hundra vaut le détour, c’est incontestablement grâce à la performance de Laurene Landon, sorte de pendant féminin de Conan le barbare et de Spartacus. Parfaitement crédible en Amazone, la vigoureuse comédienne effectue elle-même la grande majorité des cascades. Certes, ce péplum revisité à la sauce héroïc fantasy et fortement influencé par l’esprit des comic books est anecdotique d’un point de vue narratif, mais il présente tout de même l’originalité de défendre une cause féministe prônant l’émancipation de la femme, ce qui s’avère un peu surprenant dans un univers généralement dominé par une masculinité gorgée de testostérone. Notre héroïne délivre ainsi un groupe d’esclaves asservies par un colosse néanderthalien, puis s’oppose à des prêtres qui kidnappent les femmes pour les livrer aux appétits des guerriers du village. De fait, Hundra dresse un portrait peu reluisant du mâle ici volontiers barbare, rustre et primitif. « Les hommes ne sont pas supérieurs », explique-t-elle à une jeune fille soumise. « Et si tu veux survivre, tu dois te battre ». 

« SI tu veux survivre, tu dois te battre ! »

Le cœur de la belle amazone va tout de même chavirer lorsqu’en milieu de métrage elle rencontre le guérisseur d’un village qu’elle regarde avec des yeux énamourés, aux accents d’une mélopée romantique écrite par Ennio Morricone, avant de lui dire sans détour : « je veux que tu me fasses un enfant ». Le compositeur italien se laisse d’ailleurs emporter par l’emphase du film, n’hésitant pas à tutoyer le Carmina Burana de Carl Orff pour les grandes scènes de batailles qui ne trahissent pas trop le budget extrêmement étriqué du film, les combats s’avérant brutaux et plutôt bien chorégraphiés. Quant à la mise à mort finale du chef des prêtres du Temple du Buffle, elle ne manque pas d’ironie, ce dernier périssant étouffé sous le corps des femmes qu’il n’eut de cesse, jusqu’alors, de transformer en objets sexuels. Drôle, distrayant, mouvementé, Hundra est un plaisir simple qui se déguste candidement. Sans doute s’agit-il d’ailleurs d’une des variantes les plus réjouissantes générées par le succès de Conan le Barbare. On regrettera tout de même l’utilisation d’une voix off redondante et inutile qui ne cesse d’accompagner les événements (d’autant que dans la version française, ladite voix est truffée de fautes d’accord !). Dommage aussi que le film ne bascule jamais ouvertement dans le Fantastique, malgré une atmosphère propice à la magie et aux monstres.
 
© Gilles Penso

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