PROJECT POWER (2020)

Jamie Foxx et Joseph Gordon-Levitt enquêtent sur une nouvelle drogue qui dote la population d’inquiétants super-pouvoirs

PROJECT POWER

 

2020 – USA

 

Réalisé par Ariel Schulman et Henry Joost

 

Avec Jamie Foxx, Joseph Gordon-Levitt, Dominique Fishback, Colson Baker, Rodrigo Santoro, Amy Landecker, Allen Maldonado

 

THEMA POUVOIRS PARANORMAUX

Crise sanitaire oblige, les plus gros blockbusters de l’été 2020 ne sortent pas en salles mais se déploient sur les petits écrans. C’est dans cette brèche grande ouverte que Netflix s’engouffre logiquement avec Project Power, qui obéit à tous les canons du genre : deux têtes d’affiche, un budget conséquent (85 millions de dollars), un concept attrayant propice à un large déploiement d’effets spéciaux spectaculaires, de scènes d’action, de cascades et de pyrotechnie à grande échelle… Le long-métrage des duettistes Ariel Schulman et Henry Joost entend ainsi combler un vide auprès des amateurs de grosses machineries hollywoodiennes bien huilées. Contrairement à ce qu’on a pu lire ici ou là, Project Power n’est pas à proprement parler un film de super-héros mais un thriller de science-fiction qui s’intéresse à des humains soudain dotés de capacités hors du commun – des dealers, des voleurs, des criminels mais bien peu de super-justiciers. L’esprit comic book est certes présent, mais il s’installe dans le cadre terre à terre d’une Nouvelle Orléans en proie à la violence.

Du jour au lendemain, une nouvelle drogue fait son apparition dans l’état de Louisiane, le « Power » : des pilules aussi fluorescentes que le sérum d’Herbert West dans Re-Animator. Déployées un peu partout dans la ville, elles ont des effets immédiats et pour le moins singuliers. Ceux qui les absorbent voient en effet leur morphologie changer radicalement pendant cinq minutes et possèdent soudain ce qui pourrait s’apparenter à des super-pouvoirs. Chaque individu étant différent, les effets du « Power » varient d’une personne à l’autre. Certains sont doués d’une force surhumaine, d’autres se transforment en torches humaines, deviennent invisibles, sont insensibles aux balles, se contorsionnent dans tous les sens, transforment leurs os en armes tranchantes ou encore se muent en colosses monstrueux… Mais c’est comme la boîte de chocolat de Forrest Gump, on ne sait jamais sur quoi l’on va tomber. De fait, les plus malchanceux ne deviennent pas des émules des X-Men ou des Quatre Fantastiques mais explosent de manière presque aussi dégoulinante que les clochards de Street Trash. Derrière ce trafic de pilules semble se dissimuler un projet militaire top secret. Un ancien soldat (Jamie Foxx), un policier (Joseph Gordon-Levitt) et une jeune dealeuse (Dominique Fishback) vont devoir s’allier à contrecœur pour mener l’enquête.

Une pilule difficile à avaler ?

Il serait malhonnête de dire que Project Power n’est pas rondement mené. Les effets visuels qui permettent de donner corps aux pouvoirs paranormaux dont sont soudain dotés les consommateurs du « Power » rivalisent d’ingéniosité (avec en prime quelques petits écarts gore inattendus), les séquences de poursuites et de combats qui en découlent surprennent par leur caractère quasi-surréaliste (le corps à corps avec l’homme-élastique ou la prise en chasse de l’homme-caméléon sont des morceaux de choix) et le trio d’acteurs vedette (Jamie Foxx, Joseph Gordon-Levitt et la toute jeune Dominique Fishback) s’implique avec conviction dans les rôles respectifs de l’ancien militaire dur à cuire masquant sous sa carapace une faille profonde, le flic borderline qui adopte les méthodes des voyous pour mieux les coincer et l’ado qui s’adonne au trafic de drogue pour payer les soins de sa mère. Mais il y avait dans ce film un fort potentiel que le scénario de Mattson Tomlin ne fait qu’esquisser, préférant multiplier les morceaux de bravoure au lieu de s’attarder sur les répercussions psychologiques d’une adoption soudaine de capacités hors du commun. Cette relative paresse narrative s’assortit des habituels tics dont les productions Netflix ont décidément du mal à se défaire : une bande son artificiellement garnie de chansons pop/soul, une mise en scène efficace mais anonyme, le sentiment diffus de ne pas visionner un long-métrage à part entière mais plutôt le pilote à gros budget d’une série TV… Bref, Project Power coche sagement toutes les cases de son cahier des charges sans parvenir à se doter d’une indispensable vision personnelle de metteur en scène.

 

© Gilles Penso

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