BLADE (1998)

L’univers de Marvel connaît sa première adaptation cinématographique à succès à travers les exploit du plus charismatique des chasseurs de vampires

BLADE

 

1998 – USA

 

Réalisé par Stephen Norrington

 

Avec Wesley Snipes, Stephen Dorff, Kris Kristofferson, N’Bushe Wright, Donald Logue, Uod Kier, Sanaa Lathan, Arly Jover, Traci Lords

 

THEMA VAMPIRES I SUPER-HÉROS I SAGA BLADE I MARVEL

Créé en 1973 par l’auteur Marv Wolfman et le dessinateur Gene Colan, le personnage de Blade présente le mythe du vampirisme sous un œil nouveau. Il s’agit en effet d’un être moitié homme moitié suceur de sang qui lutte aussi bien contre le mal qui le ronge que contre les vampires eux-mêmes. Il présente aussi la particularité d’être avec Black Panther l’un des premiers super-héros noirs de l’univers Marvel. Une adaptation de ses aventures à l’écran est envisagée dès 1992, mais elle ne se concrétisera qu’à la fin de la décennie, à travers un scénario de David S. Goyer qui opte pour une approche sérieuse, alors que le studio New Line penchait plutôt pour un ton semi-humoristique. Si LL Cool Jr était envisagé initialement dans le rôle-titre, c’est finalement Wesley Snipes qui en hérite, s’impliquant dans la production du film au point d’avoir un droit de regard sur le choix du réalisateur. « Je voulais quelqu’un qui soit capable d’emmener Blade au-delà du film de vampire classique, au-delà des œuvres plus récentes comme Génération perdue ou Entretien avec un vampire », raconte l’acteur « Il nous fallait un réalisateur qui ait beaucoup d’imagination, et à mon avis Stephen Norrington était l’homme idéal pour cette toute nouvelle approche. Lorsque j’ai vu son premier film, Death Machine, j’ai été impressionné par la manière dont il avait utilisé au mieux le modeste budget dont il disposait, compte-tenu du nombre important d’effets spéciaux qu’il y a dans le film. » (1)

Blade s’ouvre sur une séquence qui est entrée dans la légende. Un homme est entraîné par une jeune femme dans une boîte de nuit underground où les corps s’agitent sur le rythme hypnotique d’une musique électronique, jusqu’à ce que des douches inondent soudain les lieux d’hectolitres de sang. Paniqué, notre homme voit la horde dansante, aux mâchoires soudain garnies de crocs acérés, se ruer sur lui. Mais avant qu’ils aient pu en faire leur casse-croûte, Blade surgit, superbement iconique. Grand manteau sombre, plastron blindé, lunettes noires, visage impassible, il massacre la nuée de vampires à tour de bras sans tacher son beau costume puis prend la poudre d’escampette. Au sein de la communauté vampire, qui a infiltré les hautes sphères du pouvoir depuis des millénaires, deux écoles s’opposent : l’ancienne génération des sang-purs (ceux qui sont nés vampires) représentée par  Dragonetti (Udo Kier), qui prône la discrétion et le travail en souterrain ; et la nouvelle génération (ceux qui ont subi une mutation) menée par le « bad boy » Deacon Frost (Stephen Dorff) qui souhaite conquérir le monde en provoquant une sorte d’apocalypse. « Les humains sont notre nourriture, pas nos alliés ! » s’écrie le jeune impulsif dans l’une de ses confrontations tendues avec la vieille garde. Seul Blade, qui possède les forces des vampires mais aucune de leurs faiblesses, semble pouvoir inverser le cours des choses…

Changements de ton

Porté par la mise en scène alerte de Stephen Norrington, les maquillages spéciaux de Greg Cannom, les effets visuels de Flat Earth et la musique envoûtante de Mark Isham, Blade collectionne les images insolites (le gélatineux gardien des archives), les séquences d’action échevelées (la poursuite dans le métro) ou un certain humour macabre (l’homme de main de Frost qui ne meurt jamais). Mais le film semble hésiter sur la bonne tonalité à adopter, à mi-chemin entre une noirceur teintée d’accès de violence et un esprit comic-book décomplexé. Du coup, Blade s’achemine vers un dernier acte distendu qui se perd dans une accumulation de rebondissements incohérents, de combats répétitifs et d’effets spéciaux excessifs. Le plus gros atout du film demeure finalement Wesley Snipes lui-même, pleinement investi dans un rôle qui lui sied à merveille. « C’est un personnage énigmatique, ambigu, presque dangereux, très différent des héros archétypiques que j’incarne d’habitude », confirmait-il à l’époque de la sortie du film. « C’était aussi une bonne occasion pour moi de mettre à contribution ma maîtrise des arts martiaux et de rendre hommage aux films de Hong Kong. Mon intérêt pour Blade tenait également au fait qu’il y avait moyen de créer une franchise à succès, à la manière des Batman. » (2) En ce sens, Snipes eut du flair. Blade rapporta une petite fortune au box-office (70 millions de dollars sur le territoire américain et plus de 130 millions dans le monde), fut suivi de deux séquelles (dont l’une réalisée par Guillermo del Toro) et s’imposa surtout comme le premier succès cinématographique d’une adaptation de l’univers Marvel.

 

(1) et (2) Propos recueillis par votre serviteur en octobre 1998

 

© Gilles Penso

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