BLOODY MALLORY (2002)

Un petit commando « anti paranormal » part chasser une armée de ghoules qui vient d’enlever le nouveau pape

BLOODY MALLORY

 

2002 – FRANCE

 

Réalisé par Julien Magnat

 

Avec Olivia Bonamy, Adria Collado, Jeff Ribier, Laurent Spielvogel, Julien Boisselier, Valentina Vargas, Thylda Barès, Thierry Perkins-Lyautey

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS I VAMPIRES

Pour un premier long-métrage, Bloody Mallory est pour le moins ambitieux, fidèle à la politique des producteurs Olivier Delbosc et Marc Missonier qui, en créant la collection Bee Movies, misent sur de jeunes réalisateurs inconnus désireux de s’attaquer à un genre généralement méprisé en France : le fantastique. Face à l’espace de liberté qui s’ouvre à lui, Julien Magnat se fait plaisir, multipliant les hommages aux films d’horreurs et aux séries culte, Buffy tueuse de vampires en tête. Au volant d’un corbillard rose fuchsia, le cheveu écarlate et le sourire aux lèvres, Olivia Bonamy incarne Mallory, chef d’un commando « anti-paranormal » composé d’une drag-queen experte en explosif (Jeff Ribier), d’une gamine muette mais télépathe (Thylda Barès) et d’un agent détaché par le gouvernement (Thierry Perkins-Lyautey). Tous les quatre sillonnent les routes pour casser du monstre avec une bonne humeur et une désinvolture désarmantes. La petite équipe tombe sur un groupe de ghoules surexcitées qui s’en prennent à des nonnes dans un couvent. Mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. La vraie menace se trouve à 600 kilomètres de là, où une cohorte de créatures maléfiques kidnappe le nouveau pape (Laurent Spielvogel) pour le livrer au redoutable démon Abbadon…

Sur le papier, Bloody Mallory est un projet excitant, bousculant la morosité d’un paysage cinématographique souvent conventionnel pour y injecter un joyeux grain de folie. A l’écran, hélas, le résultat est loin de tenir ses promesses. La mise en scène maniérée cherche artificiellement la modernité (et se démode donc à la vitesse grand V), l’imagerie des jeux vidéo est convoquée pour présenter chaque protagoniste (sans que les effets numériques ne parviennent à tenir la distance), les acteurs semblent en roue libre, leurs dialogues sonnent faux, bref la balourdise est de mise et le second degré permanent dans lequel baigne le film ne suffit pas à sauver les meubles. Plus de spontanéité, plus de sincérité et moins de quête incessante d’autodérision auraient sans doute suffi à relever le niveau. Dommage par exemple que les fêlures passées du personnage principal (traumatisée la nuit de ses noces par la révélation de l’identité démoniaque de son époux, incarné par Julien Boisselier) soit traitée de manière aussi superficielle. Face à l’impossibilité de nous intéresser à cette galerie de personnages caricaturaux, nous suivons leurs exploits d’un œil distrait et distant.

Délit de sale ghoule

Il faut tout de même saluer l’indiscutable ambition de Julien Magnat qui ne se contente pas de marcher sur les traces classiques du slasher, malgré son budget très raisonnable de deux millions et demi d’euros, et décide de mettre en scène une généreuse galerie de créatures démoniaques. « C’était le premier film de monstres français depuis bien longtemps », nous confirme Jacques-Olivier Mollon, superviseur des effets spéciaux de maquillage. « La vraie difficulté, c’est que Fidélité Production nous avait alloué les moyens d’un petit film français. Or nous avions à créer presque autant de monstres que sur un film comme Une Nuit en enfer, avec un dixième de son budget ! » (1) Quarante litres de latex, soixante litres de faux sang, autant dire que les chiffres en ce domaine sont éloquents. Bloody Mallory nous réserve de fait quelques séquences assez gratinées, comme la grossesse accélérée de nones contaminées dont le ventre explose pour libérer des bébés ghoules voraces, le vaporisateur d’eau bénite qui pulvérise les têtes des monstres, la femme vampire qui aspire le sang d’une victime jusqu’à laisser un cadavre desséché ou encore le surgissement d’un impressionnant molosse qu’on croirait échappé du final d’Hellraiser et qui répond au doux nom de Berserker. Mais le film culte espéré par ses investigateurs passera totalement inaperçu sans donner naissance à la franchise que son concept prévoyait manifestement.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en février 2004

 

© Gilles Penso

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