Joyeusement sous-titré « Un mélodrame en deux parties », Le Viol du vampire porte en germe toutes les composantes de l’œuvre à venir du cinéaste Jean Rollin : fantastique onirique, érotisme morbide, décors naturels captés dans la campagne française, musique expérimentale, photographie relativement soignée, acteurs qui jouent comme Jean-Pierre Léaud, dialogues nébuleux… Qu’on essaie un instant d’imaginer le mixage de tous ces éléments disparates, et on aura une petite idée de l’incroyable fourre-tout que constitue Le Viol du vampire, mélange contre-nature de la Nouvelle Vague de Jean-Luc Godard et du serial à la Fantomas version Feuillade. Tourné dans un noir et blanc granuleux typique de la fin des années 60, le récit se concentre dans un premier temps sur trois jeunes parisiens qui débarquent dans un vieux château habité par quatre sœurs au comportement pour le moins étrange. L’un des visiteurs, psychanalyste, s’est fixé pour but de prouver à ses jeunes hôtesses qu’elles ne sont pas des vampires. Or celles-ci sont persuadées du contraire. L’une d’elles aurait même été violée par les villageois, il y a plusieurs siècles de ça, d’où le titre du film.