A mi-chemin entre la naïveté poétique d’un film de Michel Gondry et le raffinement ironique d’un American Beauty, Cashback est une œuvre résolument à part. A partir d’une idée pour le moins absurde, Sean Ellis parvient à tisser un récit enchanteur, alternant les séquences de comédie potaches et les moments d’intense beauté sans jamais perdre le fil de son propos, qu’on pourrait résumer en quelques mots : pour saisir la beauté du monde, il faut prendre la peine de s’arrêter pour le regarder. Nous ne saurons d’ailleurs jamais si le pouvoir de Ben est réel ou s’il n’est qu’une vue de l’esprit. Preuve que le réalisateur a de la suite dans les idées, Cashback fut d’abord un court-métrage de 18 minutes, réalisé en 2004 et maintes fois primé à travers le monde. La « version longue » que voici n’en est d’ailleurs pas une réadaptation mais plutôt une adjonction, dans la mesure où le court-métrage a été réutilisé dans son intégralité par Sean Ellis, lequel s’efforça ensuite d’y ajouter toute une série de nouvelles séquences, imaginées au cours d’une session marathon de sept jours d’écriture. Culotté, surprenant, bourré d’idées narratives et visuelles, Cashback est un véritable bol d’air frais et prouve une fois de plus l’incessante innovation du cinéma fantastique britannique.
© Gilles Penso