DÉSOLATION (2006)

Ron Perlman incarne un shérif démoniaque dans ce téléfilm tiré d’un roman de Stephen King et dirigé par le réalisateur du Fléau

DESPERATION

 

2006 – USA

 

Réalisé par Mick Garris

 

Avec Ron Perlman, Steven Webber, Kelly Overton, Tom Skerritt, Annabeth Gish, Henry Thomas, Shane Haboucha, Charles Durning

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS I SAGA STEPHEN KING

En 2005, Stephen King tire un scénario du roman « Désolation » qu’il a écrit dix ans plus tôt et en confie la réalisation à Mick Garris, son complice de longue date. « Ce qui m’attire le plus, dans l’œuvre de Stephen King, ce sont les personnages, les voix, l’humanité, la douleur… », explique Garris. « Ses histoires concernent beaucoup moins le monstre dans le placard que les gens qui vivent dans la maison avec le placard hanté. Il y a quelque chose de très intime, de très tangible dans la prose de King. Vous connaissez ses personnages, vous êtes ses personnages. Ils mangent comme vous, achètent les mêmes choses que vous, ont du mal à payer leurs factures… Tout ça raconté avec un style clair et poétique. » (1) Le téléfilm Désolation sera diffusé le 23 mai 2006 sur la chaine ABC. La scène d’introduction s’avère redoutablement efficace. Un couple au volant d’une voiture traverse le désert du Nevada, passe devant un panneau de limitation de vitesse sur lequel est cloué un chat mort, puis est pris en chasse par une voiture de police. La tension monte d’un cran lorsque le shérif Collie Entragian (Ron Perlman), avec sa stature impressionnante et son sourire carnassier, étudie les papiers du véhicule, puis trouve de la marijuana dans leur coffre et les embarque en direction de Désolation, Nevada. En leur dictant leurs droits, il glisse furtivement la phrase « j’ai l’intention de vous tuer ». Pour le jeune couple comme pour le téléspectateur, il devient vite clair que nous avons affaire à un psychopathe.

Déserte, la ville semble échappée du Fléau (une autre adaptation de King signée Mick Garris). Les déchets jonchent la rue, les poubelles sont surplombées par des rapaces et des cadavres traînent sur les bancs. Les malheureux sont enfermés par Entragian dans une prison du commissariat délabré, en compagnie d’autres détenus : un couple, un vieil homme et un enfant. Au fil de ses exactions, le visage du shérif maléfique s’altère et se couture de cicatrices sanglantes, par l’entremise de maquillages spéciaux signés Howard Berger et Greg Nicotero. Il semble possédé, et son état est peut-être lié à la réouverture d’une ancienne mine, le « puits chinois », dont une puissance ancestrale nommée Tak semble s’être échappée. Peu entravé par les contraintes télévisuelles, Mick Garris signe là un film au suspense très efficace, avec des scènes propres à jouer sur les nerfs des spectateurs.

Visions de cauchemar

Tout au long de ses deux heures dix de métrage, Désolation accumule les images les plus sordides : une horde de chiens et de fauves sur les bas-côtés qui regardent passer la voiture de police, la main tranchée qui coule au fond d’un aquarium, les cadavres suspendus comme des morceaux de viande dans le commissariat, les corps innombrables accrochés à des chaînes, le sang qui jaillit du jackpot, la supérette envahie de serpents et d’araignées, le flash-back sous forme de film muet au cours duquel la contamination gagne les ouvriers chinois, l’autre flash-back sur un écran de cinéma où un écrivain se revoit pendant la guerre du Vietnam, Mary enfermée dans une pièce infestée de serpents, d’araignées et de scorpions…

Garris n’hésite pas non plus face aux aspects les plus sanglants et les plus morbides du récit. Des membres arrachés, des visages déchiquetés, des montagnes de corps et même le cadavre d’une fillette s’étalent sans pudeur à l’écran. Paradoxalement, Désolation sombre régulièrement dans les bons sentiments exacerbés à travers la bigoterie du personnage du jeune David (Shane Haboucha), qui passe son temps à prier et à s’adresser à Dieu. Certes, ces accès de « bondieuserie » sont contrebalancés par l’incrédulité de ses compagnons d’infortune. Mais Dieu est cité à toutes les sauces, en une accumulation embarrassante, les limites du supportable étant atteintes avec le « Notre Père » récité avec ferveur par tous les survivants avant l’assaut final.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en juin 2017

 

© Gilles Penso

 

Complétez votre collection

Partagez cet article