FASCINATION (1979)

Brigitte Lahaie est membre d’une secte de vampires féminins qui a décidé de se faire les dents sur le cou d’un bandit en cavale…

FASCINATION

 

1979 – FRANCE

 

Réalisé par Jean Rollin

 

Avec Franka Mai, Brigitte Lahaie, Jean-Marie Lemaire, Fanny Magier, Muriel Montossé, Sophie Noël, Evelyne Thomas

 

THEMA VAMPIRES I SAGA JEAN ROLLIN

Fascination n’est pas le pire des films de Jean Rollin, et développe même une variante intéressante autour du thème du vampirisme. Hélas, le preux cinéaste aux goûts déviants ne sait toujours pas diriger ses acteurs, ni écrire des dialogues cohérents, ni monter correctement deux plans ensemble. Résultat : tout le potentiel du film s’évapore derrière l’amateurisme de sa mise en forme. Il faut dire que les deux petites semaines de tournage mises à disposition du réalisateur ne lui ont guère donné la possibilité de peaufiner son œuvre. L’intrigue se situe en 1905. Le bandit Mark (catastrophiquement interprété par Jean-Marie Lemaire) dérobe à ses quatre complices (plus risibles les uns que les autres, ce qui n’aide pas vraiment le film à démarrer sur des bases solides) un coffret plein d’or et trouve refuge dans un vaste château. Les lieux sont déserts, à l’exception de deux jeunes filles, Eva et Elisabeth, (Brigitte Lahaie et Franka Mai) qui se présentent comme deux domestiques mais semblent cacher un étrange secret. Comme les demoiselles ne sont guère farouches et comme ce bon vieux Jean Rollin a les fantasmes tenaces, les corps gironds se dénudent bien vite et s’accouplent sans vergogne.

Au bout d’un temps jugé suffisamment long (interminable même, pour la plupart des spectateurs), l’intrigue évolue un peu et notre duo de charme est rejoint par plusieurs autres jeunes femmes, venues célébrer avec elles une cérémonie nocturne, secrète et mystérieuse, qui s’avère être un culte vampirique. En effet, en ce début de siècle, de nombreux médecins n’hésitent guère à faire boire aux gens souffrant d’anémie un bon verre de sang de bœuf frais. Peu à peu, les abattoirs se muent donc en endroits à la mode où les dames de la haute bourgeoisie viennent faire rosir leurs joues. Certaines d’entre elles décident de pousser l’expérience plus loin, en se nourrissant directement à la source et en préférant au sang du bovidé celui de l’homme… Notre bandit en cavale est donc en passe de devenir le plat de résistance de cette secte de buveuses de sang exclusivement féminine.

La belle faucheuse

L’idée est séduisante et joyeusement transgressive, d’autant que le vampirisme se défait ici de ses habituels atours surnaturels pour prendre les allures d’une lubie, non loin des sanglants exploits attribués à la Comtesse Bathory. Mais il eut fallu une mise en scène à la hauteur et des acteurs un peu plus aguerris pour qu’elle puisse fonctionner correctement, même si Fascination est souvent considéré outre-Atlantique comme l’une des œuvres les plus « accessibles » de Rollin. Ce dernier soigne en effet l’aspect esthétique de son film, nous gratifiant d’un générique léché et d’une séquence prologue dans un abattoir magnifiquement photographié par le chef opérateur Georgie Fromentin, très porté sur les couleurs rouges et orangées. Et puis il y a cette scène, brève mais joliment inspirée, où Brigitte Lahaie, nue sous une grande cape noire, brandit une énorme faux et tue ceux qui entravent son passage. Cette vision de la Mort, l’une des plus érotiques et des plus surréalistes qu’on ait vues de mémoire de cinéphile, est probablement un des éléments les plus mémorables de Fascination. Elle fut d’ailleurs reprise sur la plupart des affiches internationales du film.

 

© Gilles Penso



 

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