L’idée est séduisante et joyeusement transgressive, d’autant que le vampirisme se défait ici de ses habituels atours surnaturels pour prendre les allures d’une lubie, non loin des sanglants exploits attribués à la Comtesse Bathory. Mais il eut fallu une mise en scène à la hauteur et des acteurs un peu plus aguerris pour qu’elle puisse fonctionner correctement, même si Fascination est souvent considéré outre-Atlantique comme l’une des œuvres les plus « accessibles » de Rollin. Ce dernier soigne en effet l’aspect esthétique de son film, nous gratifiant d’un générique léché et d’une séquence prologue dans un abattoir magnifiquement photographié par le chef opérateur Georgie Fromentin, très porté sur les couleurs rouges et orangées. Et puis il y a cette scène, brève mais joliment inspirée, où Brigitte Lahaie, nue sous une grande cape noire, brandit une énorme faux et tue ceux qui entravent son passage. Cette vision de la Mort, l’une des plus érotiques et des plus surréalistes qu’on ait vues de mémoire de cinéphile, est probablement un des éléments les plus mémorables de Fascination. Elle fut d’ailleurs reprise sur la plupart des affiches internationales du film.
© Gilles Penso