Comme toujours l’érotisme est de rigueur, même si cette fois-ci Rollin l’aborde du bout des doigts, le temps d’une séquence nocturne où les deux buveuses de sang se dévêtent au clair de lune en oubliant la pudeur la plus élémentaire. Dommage que le cinéaste n’ait pas poussé plus loin l’ambiguïté liée à la nature vampirique de ses héroïnes, lesquelles évoquent de nombreuses vies antérieures au fil des siècles passés tout en laissant transparaître des troubles psychique qui suggèrent une affabulation totale et pourraient expliquer du coup la suppression de nombreux éléments surnaturels habituellement rattachés au mythe (le pouvoir des crucifix, des gousses d’ail, de la lumière du jour, de l’eau bénite, la résurrection des victimes vampirisées). Mais cet aspect du récit est traité à la légère, le cinéaste s’attachant moins aux explications qu’aux évocations, fussent-elles nébuleuses. En toute logique, Les Deux orphelines vampires passa inaperçu sur nos écrans, ce qui n’empêcha guère son entreprenant auteur d’enchaîner sur une Fiancée de Dracula tout aussi anecdotique. Voilà en tout cas un homme qui ne se sera guère détourné, au fil de sa longue carrière, d’une ligne directrice unique et quasi-monomaniaque. Reconnaissons-lui au moins cette constance, preuve d’une maladroite mais touchante sincérité.
© Gilles Penso