MAD MISSION (1982)

Un cocktail détonnant d’humour et d’action qui mêle le policier, l’espionnage et la science-fiction dans la décontraction la plus totale

ZUIJIA PAIDANG

 

1982 – HONG-KONG

 

Réalisé par Eric Tsang

 

Avec Sam Hui, Karl Maka, Sylvia Chang, Lindzay Chan, Sing Chen, Tat-wah Cho, Carroll Gordon, Dean Shek, Raymond Wong

 

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION I SAGA MAD MISSION

C’est aux producteurs hongkongais Paul Lai, Karl Maka et Dean Shek que nous devons Mad Mission, premier épisode d’une saga mouvementée promise à une belle longévité. Structurée autour d’un récit policier intégrant des éléments d’espionnage et de science-fiction, cette comédie d’action prend pour héros le vigoureux Sam (Sam Hui), un voleur acrobatique qui nous annonce dès les premières minutes son caractère ambivalent, à mi-chemin entre la virtuosité et la maladresse. Perché sur un toit, ayant troqué en un éclair son costume contre une combinaison en cuir, il installe une sorte de harpon sur trépied, lance un câble, se glisse entre deux buildings, brise une fenêtre et dérobe une mallette contenant des pierres précieuses. Puis il prend la fuite avec une moto qu’il remplace illico par un deltaplane motorisé, fendant les airs avec grâce. L’opération est rapide, propre et sans bavure, accompagnée d’une bande originale aux accents de « surf music » qui assume déjà la référence à James Bond. Mais les mafieux soudain délestés de leur bien ne l’entendent pas de cette oreille. D’où un clin d’œil au Parrain le temps de l’intervention d’un certain Don Antonio (Andrew Miller). Car Mad Mission se nourrit de références et de parodies, une tendance qui ne fera que s’accroître d’épisode en épisode. Témoin la présence de l’inspecteur Clouzeau incarné par Peter Sellers, à travers une photo de La Panthère Rose. Pour se racheter une conduite aux yeux des autorités et échapper aux tueurs lancés à ses trousses, Sam va devoir faire équipe avec Kody Jack (l’acteur et producteur Karl Maka), un policier new-yorkais gaffeur et empoté, et avec l’inspecteur Nancy Ho (Sylvia Chang), une femme d’action autoritaire et inflexible. C’est donc autour de ce trio hétéroclite que se construit l’intrigue de Mad Mission.

La mise en scène d’Eric Tsang est millimétrée. Dès ce prologue quasi-géométrique, où cinq voitures parfaitement identiques s’alignent devant un centre commercial avant que les portières ne s’ouvrent pour laisser sortir une dizaine de gardes du corps selon une chorégraphie extrêmement précise, une certaine esthétique se met en place. Ancien joueur de football professionnel et cascadeur, Tsang réalise son premier film en 1979. Mais c’est avec Mad Mission, son quatrième long-métrage, qu’il connaît un succès véritable et que sa carrière décolle. Il faut dire que le cocktail humour/action/effets spéciaux fonctionne à plein régime. C’est surtout du côté des cascades que le film étonne. Incroyables, tant dans leur conception que dans leur mise en application, elles défient tout ce que la plupart des spectateurs du monde occidental avaient pu voir jusqu’alors. Du « casse » vertigineux du prologue à cette scène impensable où un personnage se retrouve – réellement – suspendu à une grue de chantier en passant par ce passage dément où notre héros se lance dans un numéro de funambulisme au-dessus d’une rue animée, les cascades physiques coupent le souffle, d’autant qu’elles sont pour la plupart exécutée par les comédiens eux-mêmes.

Mission impensable

Les cascades automobiles ne sont pas en reste, et c’est justement l’une des nombreuses poursuites motorisées du film qui justifie la référence à Mad Max très présente sur le matériel promotionnel de Mad Mission (jusque dans son titre bien sûr). Car au moment du climax, nos héros s’embarquent dans une voiture futuriste customisée pour échapper à leurs poursuivants. Leur véhicule finira quasiment comme la 2CV de Bourvil dans Le Corniaud. Mais Sam, toujours plein de ressources, sollicite des gadgets high-tech excentriques qui deviendront eux aussi la marque de fabrique de la saga, basculant plus ouvertement dans la science-fiction dans les opus suivants. Ici, il s’agit d’une série de véhicules radiocommandés qui se logent sous les voitures des assaillants et les font exploser. Au milieu de ce débordement d’inventivité, on regrette les nombreuses pertes de rythme liées à une approche souvent poussive des séquences d’humour. Car si plusieurs gags font mouche (notamment les nombreuses références, y compris celle à Flash Gordon lorsque Kody Jack se déguise en empereur Ming au milieu d’un ballet classique), beaucoup de pantalonnades à base de quiproquos ralentissent artificiellement le tempo du film. Plusieurs de ces longueurs seront d’ailleurs expurgées du montage original pour la distribution de Mad Mission sur le marché international.

 

© Gilles Penso

 

Complétez votre collection

Partagez cet article