Spike Jonze se fait d’abord connaître comme réalisateur de clips, notamment pour les Beastie Boys, Björk, Fat Boy Slim ou Daft Punk. Sa famille cinématographique s’élargit lorsqu’il épouse Sofia Coppola, fille du grand Francis Ford et déjà réalisatrice d’un très remarqué Virgin Suicide. Pour son premier long métrage, Jonze a la brillante idée de s’associer au scénariste Charles Kaufman, dont l’univers atypique s’était jusqu’alors cantonné au petit écran. Dans la peau de John Malkovich nous offre une entrée en matière très poétique au cours de laquelle le marionnettiste de rue Craig Schwartz (John Cusack) crée des spectacles épurés mais magnifiques (l’animation de ses pantins de bois est très expressive malgré l’immobilité de leur visage). Mais cette activité artistique n’est pas vraiment rémunératrice, et Craig postule pour un poste administratif dans l’entreprise Lester. À partir de là, le film bascule dans un univers digne des Monty Pythons, car le bureau du jeune homme se situe à l’étage « sept et demi » de l’immeuble (poussant le perfectionnisme jusqu’à l’absurdité, Kaufman et Jonze situent cette information à sept minutes et demie du métrage !). Le plafond trop bas de cet étage oblige tous les employés à avancer en se courbant, et le bureau ferme ses portes à quatre heures onze précises. Nous sommes donc en pleine absurdie. Mais ce n’est encore qu’un début.