BLOOD RED SKY (2021)

Le voyage d’un avion transatlantique détourné par des pirates de l’air se transforme en bain de sang lorsqu’une femme à bord révèle son terrible secret…

BLOOD RED SKY / TRANSATLANTIC 473

 

2021 – GB / ALLEMAGNE

 

Réalisé par Peter Thorwarth

 

Avec Carl Anton Koch, Peri Baumeister, Kais Setti, Kai Ivo Baulitz, Graham McTavish, Roland Møller, Dominic Purcell, Alexander Scheer, Chidi Ajufo

 

THEMA VAMPIRES

Imaginez un Die Hard en plein vol dans lequel John McLane serait remplacé par une femme-vampire assoiffée de sang et vous aurez une petite idée du spectacle inédit proposé par ce film d’horreur venu tout droit d’Allemagne. Son réalisateur, Peter Thornwarth, est surtout connu à l’international pour avoir écrit le scénario de La Vague de Dennis Gansel et son adaptation sous forme de série télévisée. Le voilà ici à la tête d’un long-métrage particulièrement ambitieux qui séduit d’emblée par le soin apporté à sa mise en forme. Blood Red Sky commence sur les chapeaux de roue, avec l’atterrissage forcé d’un avion de ligne visiblement détourné par un terroriste. La situation à l’intérieur n’est pas très claire et les choses ne sont visiblement pas ce qu’elles semblent être de prime abord. Seul un enfant, Elias, parvient à s’échapper de l’avion. Sous le choc, il raconte aux autorités les événements survenus à bord. Le film se structure donc autour d’un long flash-back qui nous ramène plusieurs heures en arrière. Elias est alors à l’aéroport avec sa mère Nadja. Ils sont allemands et s’apprêtent à traverser l’Atlantique pour se rendre à New York où Nadja a rendez-vous avec un éminent médecin, seul capable de la soigner d’une maladie grave qui ressemble à une leucémie…

Blood Red Sky respecte avec soin l’adage d’Alfred Hitchcock selon lequel il vaut mieux partir d’un cliché qu’y arriver. Après un point de départ très intriguant, le film met en effet en place une mécanique familière héritée des films catastrophe des années 70. Quelques passagers et plusieurs membres d’équipage nous sont ainsi succinctement présentés. Il y a là le businessman macho et antipathique, le vieux couple acariâtre, le steward exagérément efféminé, les hôtesses et leurs histoires de cœur… Celle dont on ne sait presque rien et que l’intrigue suit pas à pas depuis pourtant une vingtaine de minute est Nadja, qui semble porter tout le poids du monde sur ses épaules. Bientôt s’insèrent au sein de ce grand flash-back d’autres retours dans un passé plus lointain, des souvenirs furtifs d’une vie heureuse et désinvolte qui vire au drame, expliquant le mal étrange qui frappe la jeune veuve. Lorsque la situation à bord dégénère, les masques tombent, les clichés volent en éclat et le film prend une tournure inattendue…

Les ailes de l’enfer

La mise en scène très soignée de Thorwarth, les séquences de suspense diablement efficaces qui ponctuent le récit, les multiples rebondissements et la violence radicale du film sont ses atouts majeurs. Avec son traitement résolument au premier degré, Blood Red Sky s’éloigne même considérablement de la tonalité volontiers plus récréative et référentielle des films d’horreur estampillés Netflix. Ici, aucun clin d’œil, aucun coup de coude, aucune blague ne viennent désamorcer la noirceur de l’intrigue, narrée comme un drame intimiste virant soudain au mixage entre le film d’action et le film d’horreur. Seul visage familier du casting, Dominic Purcell (Prison Break) campe un antagoniste glacial et charismatique. Mais il se fait voler la vedette par le « vrai » méchant du film, un psychopathe proprement terrifiant, et bien sûr par Peri Baumeister, dont la performance de femme désemparée se muant en prédateur redoutable est proprement hallucinante. Cette approche novatrice du vampirisme peut d’ailleurs s’appréhender comme une métaphore de l’instinct maternel capable de muer n’importe quel parent en bête féroce pour protéger son enfant. Ici, les vampires n’ont rien de gothique ou de romantique. Ce sont des malades dont les symptômes sont la perte progressive de leur humanité. Et si le design des créatures évoque celui de 30 jours de nuit, sans doute faut-il remonter aux sources pour saisir l’inspiration première de Blood Red Sky : le Nosferatu matriciel de Murnau. C’est donc à un véritable retour aux racines du mythe que nous convie Peter Thorwarth, dotant son héroïnes des mêmes attributs physiques que l’inoubliable comte Orlock.

 

© Gilles Penso


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