LA MONTAGNE ENSORCELÉE (1975)

Deux jeunes orphelins doués de pouvoirs extraordinaires sont pris en chasse par un millionnaire qui veut les exploiter…

ESCAPE TO WITCH MOUNTAIN

 

1975 – USA

 

Réalisé par John Hough

 

Avec Eddie Albert, Ray Milland, Donald Pleasence, Kim Richards, Ike Eisenmann, Walter Barnes, Reta Shaw, Denver Pyle, Alfred Ryder

 

THEMA POUVOIRS PARANORMAUX I ENFANTS I EXTRA-TERRESTRES

Au milieu des années 70, le studio Disney cherche à diversifier ses longs-métrages en prises de vues réelles en se tournant vers des sujets un peu plus sombres que d’habitude. Le roman « Escape to Witch Mountain » écrit par Alexander H. Kay et publié en 1968 semble correspondre parfaitement à cette nouvelle ligne éditoriale. Les héros sont des enfants doués de pouvoirs magiques – ce qui est tout à fait en accord avec les canons habituels de chez Mickey – mais ils sont pris en chasse par des hommes peu recommandables soucieux de les exploiter et par des autochtones qui les accusent de sorcellerie. La noirceur voulue est bien là. Pour accentuer encore cette tonalité inquiétante, la mise en scène est confiée à John Hough, qui avait justement impressionné les cadres de Disney avec un film d’épouvante, en l’occurrence La Maison des damnés. Dès lors, Hough alternera les films pour Disney (Les Visiteurs d’un autre monde, Les Yeux de la forêt) et les films d’horreur (Incubus, American Gothic, Hurlements IV). Une ambiance étrange s’installe donc dès le début de La Montagne ensorcelée. Pendant le générique, rythmé par une musique nerveuse de Johnny Mandell, les silhouettes des deux enfants courent inlassablement, prises en chasse par des chiens féroces en dessin animé. Les aboiements de ces molosses retentiront à plusieurs reprises dans le film, hantant l’esprit des jeunes héros.

Cela dit, La Montagne ensorcelée prend plus volontiers les allures d’un conte pour enfants que d’un film d’épouvante. Ses héros, Tia (Kim Richards) et Tony (Ike Eisenmann), sont deux jeunes orphelins aux pouvoirs extraordinaires. Au fil du récit, nous découvrons qu’ils ont des dons de télépathie, de télékinésie, de prémonition, de lévitation, et qu’ils peuvent communiquer avec les animaux. Alors qu’ils viennent de s’installer dans un orphelinat, tous deux attirent l’attention de Mister Bolt (Ray Milland), un millionnaire sinistre qui s’intéresse visiblement à ce type de capacités paranormales pour asseoir sa toute-puissance. Il missionne alors Lucas Deranian (Donald Pleasence) qui se fait passer pour leur oncle, documents falsifiés à l’appui. Lorsque Tia et Tony emménagent dans l’immense manoir de Bolt, ils sentent bien que quelque chose cloche et préfèrent prendre la fuite…

Les fugitifs

Le cœur du film est donc une longue course-poursuite au cours de laquelle ce frère et cette sœur pas comme les autres se comportent comme des gangsters en cavale, aidés dans leur fuite par un veuf patibulaire au volant de son camping-car. Tout au long de La Montagne ensorcelée, on sent l’hésitation du réalisateur et de ses producteurs sur la bonne tonalité à adopter. Les souvenirs d’un lointain naufrage qui parviennent à Tia par bribes, les séquences de suspense un tantinet anxiogènes qui rythment la débâcle des fugitifs et le comportement faussement affable de Bolt et Deranian procurent leur petit lot de frissons. Parallèlement, plusieurs séquences d’une gratuite infantilité semblent vouloir raccrocher coûte que coûte ce long-métrage hybride à l’image candide des productions de la maison de Mickey, notamment cette longue chorégraphie des marionnettes à fil que les enfants font danser à distance en jubilant. Mais finalement, c’est peut-être ce caractère « bancal » qui offre à La Montagne ensorcelée sa singularité et son charme étrange, à une époque où l’uniformisation et le calibrage des films Disney n’était pas encore au goût du jour. Cette aventure riche en rebondissements s’achève sur un climax audacieux qui semble annoncer celui d’E.T. avec sept ans d’avance mais souffre hélas d’effets visuels ratés qu’on croirait échappés de La Soupe aux choux ! La Montagne ensorcelée génèrera une petite franchise : Les Visiteurs d’un autre monde, Beyond Witch Mountain, Le Mystère de la montagne ensorcelée et un remake en 2009 avec Dwayne Johnson et Carla Gugino.

 

© Gilles Penso

 

Complétez votre collection


Partagez cet article