ABBY, LA MALÉDICTION NOIRE (1974)

Une version Blaxploitation de L’Exorciste qui raconte la possession diabolique d’une jeune femme par un esprit africain…

ABBY

 

1974 – USA

 

Réalisé par William Girdler

 

Avec William Marshall, Terry Carter, Austin Stoker, Carol Speed, Juanita Moore, Charles Kissinger, Elliott Moffitt

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS

Le cinéma de Blaxploitation des années 70 s’étant attaqué sans vergogne aux grands classiques du fantastique avec Blacula et Blackenstein, William Girdler décida de prendre la relève en puisant cette fois-ci son inspiration dans un succès tout récent, l’incontournable L’Exorciste de William Friedkin. L’initiative est bien peu inventive et le résultat pas vraiment folichon. Parti au Nigeria faire des fouilles archéologiques, le père Garnet Williams (William Marshall, qui incarna justement le rôle-titre de Blacula) découvre un étrange coffret en bois renfermant l’esprit du démon Eshu. Comme la Pandore de la mythologie, Williams ouvre malencontreusement le reliquat, libérant aussi sec l’entité vaporeuse. Les fâcheuses conséquences ne tardent pas à se faire sentir plusieurs milliers de kilomètres plus loin. Abby Williams (Carol Speed), belle-fille de l’ecclésiastique, se met en effet à adopter un comportement étrange de plus en plus préoccupant. Elle se taillade d’abord le bras avec un couteau de cuisine, puis blasphème avec une voix de ténor, bave abondamment et déplace les meubles à distance, tandis que le visage du démon grimaçant apparaît furtivement dans le montage. Merci William Friedkin !

En pleine hystérie, Abby provoque même la crise cardiaque d’une pauvre femme. Le brave pasteur Emmett Williams (Terry Carter), son époux, la fait hospitaliser d’urgence, mais elle s’en échappe aussitôt et se met à écumer un night-club qui obéit à tous les clichés de l’époque : musique funky, boule à facettes et coupes afro. Là, notre possédée aguiche tous les hommes qu’elle croise, notamment un de ses amis qu’elle entraîne dehors avant de se jeter sur lui dans sa voiture, tirant abondamment la langue et poussant des gémissements bestiaux. Puis la force démoniaque tue le malheureux (à l’écran, la voiture est secouée tandis qu’une machine à fumée envoie des volutes à tout va !). 

Procès pour plagiat

En désespoir de cause, Garnet Williams fait appel à son père afin qu’il se lance dans un exorcisme, pratique décidément très à la mode dans le cinéma d’épouvante des années 70. La séance a lieu directement dans le night-club, après que tous les occupants aient été instamment priés d’aller se trémousser ailleurs. Tous les lieux communs de la possession démoniaque sont alors de la partie : grognements de monstres, incantations dans des langues étrangères, lévitation. Simple mais efficace, le maquillage d’Abby, au sommet de ses crises, est constitué de lentilles de contact blanches et de sourcils épaissis, tandis que le démon Eshu apparaît brièvement sous forme d’un visage grimaçant généreusement garni de prothèses déformant son faciès. A l’issue de l’exorcisme, les explosions s’enchaînent, puis le démon réintègre sa prison de bois et tout rendre dans l’ordre. Mal réalisé, mal joué, Abby la malédiction moire s’avère finalement très routinier et n’apporte pas grand-chose au genre. N’appréciant guère le plagiat, Warner Bros intenta un procès à American International afin d’empêcher la distribution en salles du film. Abby fut donc longtemps invisible, et ceux qui le découvrirent sur le tard constatèrent finalement qu’ils n’avaient pas manqué grand-chose.

 

© Gilles Penso

 

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