LONG WEEK-END (1978)

Un couple en pleine crise s’isole dans la nature pour tenter de reconstruire, mais la nature accepte mal cette intrusion…

LONG WEEK-END

 

1978 – AUSTRALIE

 

Réalisé par Colin Eggleston

 

Avec Briony Behets, John Hardgreaves, Michael MacEwen, Michael Altkins, Roy Day, Sue Kiss Von Soly

 

THEMA REPTILES ET VOLATILES I MAMMIFÈRES I VÉGÉTAUX

Entre le milieu des années 70 et celui des années 80, le cinéma fantastique australien connut un véritable âge d’or, porté par des cinéastes tels que Peter Weir, George Miller ou Russel Mulcahy. C’est au sein de cette période riche en créativité que s’épanouit le talent d’Everett de Roche, déjà scénariste de l’étonnant Patrick de Richard Franklin. Avec Long Week-End, il aborde sous un angle insolite les rapports complexes que l’homme entretient avec son environnement naturel, un thème en prise avec les préoccupations quotidiennes des habitants du continent océanien. S’emparant du script de De Roche, le réalisateur Colin Eggleston oppose nature et civilisation dès les premières images du film, via un montage parallèle habile qui instille déjà un malaise indicible. Les éléments naturels y font obstacle à la vision du spectateur, arbres, pluie ou feuillages s’interposant entre la caméra et les acteurs. Ce ne sont apparemment que des effets de style, mais tout le sujet de Long Week-End est déjà là. Briony Behets et John Hardgreaves incarnent Marcia et Peter, un couple au bord de la rupture qui part s’isoler sur une plage déserte d’Australie pour tenter de se reconstruire après un traumatisme récent qui ne nous sera révélé que tardivement.

La tension est forte, les oppositions sont de plus en plus fréquentes, et le sentiment d’inconfort du spectateur est renforcé par la difficulté de s’attacher à des personnages franchement antipathiques. Une série d’hostilités à l’encontre de l’environnement sont déclenchées par le couple : une cigarette jetée sur le bas-côté qui embrase une touffe d’herbe et semble brûler l’objectif de la caméra, un marsupial heurté sur la route par l’arrogant 4×4 de Peter, des bouteilles abandonnées sur la plage, des coups de fusil tirés dans l’eau, des flèches plantées dans un arbre… Lorsque Marcia, dans un élan de colère, brise l’œuf d’un aigle, la guerre est officiellement déclarée. Dès lors, la nature réagit, même si cette « révolte » reste insidieuse.

La faune et la flore se révoltent

C’est un aigle qui attaque soudain Peter, un opossum qui devient très agressif, des branches d’arbre qui tombent. Les choses empirent lorsqu’un énorme dugong s’échoue sur le sable et agonise lentement en poussant d’atroces gémissements trop proches des cris d’un bébé pour que les nerfs de Marcia soient épargnés. Volontairement, la lisière entre le réel et le surnaturel demeure floue. Tout semble bizarre dans le comportement de la faune et de la flore, mais cette bizarrerie n’est-elle pas exacerbée par l’attitude des humains ? Lorsque Peter se retrouve prisonnier dans le labyrinthe noueux d’une forêt dans laquelle les arbres forment une barrière infranchissable où même la lumière du soleil refuse de pénétrer, les notions de temps et d’espace s’effacent et le film bascule dans un cauchemar à l’issue cruellement ironique. Long Week-End déstabilise ouvertement ses spectateurs et n’entre dans aucune case, ce qui explique probablement son échec retentissant au moment de sa sortie en salles en Australie. Nul n’étant prophète en son pays, le film de Colin Eggleston fut très remarqué à l’étranger où il devint culte, et remporta même plusieurs prix, notamment aux festivals du film fantastique de Paris, Avoriaz et Sitges.

 

© Gilles Penso

 

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