MERCY (2014)

Une grand-mère qui cache bien son jeu sème la terreur dans cette adaptation d’une fameuse nouvelle de Stephen King

MERCY

 

2014 – USA

 

Réalisé par Peter Cornwell

 

Avec Chandler Riggs, Dylan McDermott, Mark Duplass, Frances O’Connor, Joel Courtney, Amanda Walsh, Shirley Knight

 

THEMA DIABLE ET DÉMONS I SAGA STEPHEN KING

La nouvelle « Gramma » (« Mémé » en français) de Stephen King avait déjà fait l’objet d’une adaptation très remarquée au sein de la série La Cinquième dimension. Séduit par cette histoire, le cinéaste Peter Cornwell décide de s’en emparer à son tour et d’en tirer un long-métrage. Pour y parvenir, son scénariste Matt Greenberg réinvente complètement l’histoire et le passé des personnages afin de laisser progressivement le récit s’acheminer vers la situation décrite dans la nouvelle. Le film commence en Virginie occidentale en 1967. Pendant qu’une femme berce son bébé, son mari brandit une hache et se fend la tête en deux. Après cette entrée en matière qui tranche dans le vif, nous retrouvons cette femme bien des années plus tard, sous les traits de Shirley Knight. Grand-mère joviale, Mercy McCoy a lié une complicité très forte avec l’un de ses petits-fils, George (Chandler Riggs). Mais elle est un jour frappée par une crise violente, tombe malade et se retrouve prise d’accès soudains de démence. Hospitalisée, elle veut finir ses jours dans son ancienne maison. Sa fille Rebecca (Frances O’Connor) et ses deux petits-fils George et Buddy (Joel Courtney) se préparent donc à l’y installer. Mais s’occuper de grand-mère est une épreuve. Elle n’est quasiment jamais lucide, a des poussées de plus en plus fréquentes de violence, est incontinente et pousse de temps en temps des cris bizarres.

Mercy enrichit le texte initial de nombreux personnages secondaires. Outre le grand frère de George, nous découvrons ainsi Jim (Dylan McDermott), un ami d’enfance de Rachel qui semble encore avoir le béguin pour elle, son épouse Charlotte (Amanda Walsh), une peintre spécialisée dans les tableaux emplis de démons, ainsi que les deux autres enfants de la vénérable Mercy : Jinny (Abigail Rose Solomon), hospitalisée dans une institution psychiatrique, et Lanning (Mark Duplass), qui n’a aucune envie de s’occuper d’elle. C’est d’ailleurs Lanning qui commence à nous mettre la puce à l’oreille. Il est en effet persuadé que Mercy n’est pas aussi bienveillante qu’elle ne veut le faire croire.

Le pacte

Le récit bifurque alors vers la thématique du pacte diabolique, qu’un prêtre raconte à George lors d’un flash-back sans doute trop explicatif. Encore jeune femme, Mercy rêvait d’avoir un enfant mais n’y parvenait pas. Après une énième fausse couche, cette femme très pieuse se tourna vers autre chose que Dieu. Tous ses désirs se réalisèrent alors, elle eut trois enfants, mais son époux Frank devint alcoolique, violent et dément. D’où le pré-générique sanglant du film. Mercy brosse une relation intéressante et réaliste entre les deux jeunes frères. L’amie imaginaire à qui George se confie ajoute au caractère insolite de l’histoire. Partisan d’une épouvante sourde et suggérée, Peter Cornwell nous offre tout de même quelques visions cauchemardesques très explicites comme cette demi-douzaine de mains crispées qui s’agitent sous la couverture de George. Le scénario développe aussi l’idée originale d’un livre aux pages blanches qui ne se remplissent que lorsqu’on pleure au-dessus d’elles. Mercy est donc une réussite tout à fait estimable, dont on regrettera seulement un final accumulant les rebondissements peu crédibles.

 

© Gilles Penso

 

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