STAY ALIVE (2006)

Et si la sanglante comtesse Bathory sévissait dans un jeu vidéo abolissant les frontières entre le réel et le virtuel ?

STAY ALIVE

 

2006 – USA

 

Réalisé par William Brent Bell

 

Avec Frankie Muniz, Jon Foster, Steve Zahn, Samaire Armstrong, Sophia Bush, Maria Kalinina, Milo Ventimiglia, Adam Goldberg

 

THEMA MONDES VIRTUELS ET MONDES PARALLÈLES I VAMPIRES

Stay Alive est avant tout le fruit d’un savant calcul marketing. Étant donné que les jeux vidéo connaissent un succès exponentiel et que les films d’horreur remplissent régulièrement les salles, pourquoi ne pas essayer de mixer les deux afin de s’attirer le plus large public ? Tel fut le raisonnement du réalisateur William Brent Bell et du producteur Matthew Peterman, concoctant à cet effet un scénario qui n’hésite pas à cultiver la sensation de déjà-vu. Bêta-testeur de jeux vidéo pas encore commercialisés, un jeune homme entre un jour en possession de « Stay Alive », un conte d’épouvante interactif au cours duquel il doit affronter la redoutable comtesse Bathory. Dès la première partie, son personnage tombe dans un piège et se retrouve pendu. Or quelques instants plus tard, le malheureux joueur connaît exactement le même sort dans la réalité. Après cette mort inexpliquée, cinq de ses amis mènent l’enquête et découvrent que « Stay Alive » abolit les frontières entre le monde virtuel et le monde réel.

Malgré ses fortes similitudes avec celle de Ring, la première séquence du film s’avère plutôt efficace, distillant sans peine son lot d’épouvante et de frissons. Le ton étant donné, le spectateur est conditionné et accepte bien volontiers de s’attacher aux cinq protagonistes qui, une fois n’est pas coutume, échappent aux archétypes beaux et musclés hérités du soap-opéra. Humains, crédibles, bardés de névroses et de défauts, ces personnages servent de véhicule idéal à l’identification du public. Hélas, passée une poignée de séquences habilement anxiogènes – dont l’une met en scène l’excellent Adam Goldberg, transfuge de la série Friends et d’Il faut sauver le soldat Ryan – l’intérêt commence à s’émousser. Car une fois la mécanique perverse du jeu mise à jour, nos héros ne sont plus que les instruments d’un scénario truffé d’invraisemblances et de raccourcis hasardeux. Sans compter les énormes libertés prises avec le personnage de la comtesse Elizabeth Bathory, célèbre pour avoir commis ses sanglantes exactions dans la Transylvanie du 17ème siècle, et que le script croit bon de déplacer géographiquement à la Nouvelle Orléans.

En manque de sang neuf

Plus le récit avance, plus l’originalité s’estompe et plus les points communs avec la trilogie Destination finale se font sentir. Stay Alive s’achemine ainsi sans éclat vers un dénouement décevant et prévisible. C’est dommage, car en quelques rares moments inspirés, le scénario se permet de belles trouvailles, notamment lorsque l’un des héros déambule dans le manoir de la comtesse à l’intérieur du jeu vidéo, tandis que deux de ses amis pénètrent dans le décor réel, leurs actions respectives s’influant l’une l’autre. Cet aller-retour entre réalité et virtualité, souligné par une partition de John Frizzell mixant les instruments symphoniques et les sonorités électroniques, est l’intérêt majeur de Stay Alive, et eut mérité un développement plus rigoureux. D’autant que l’idée d’une séculaire comtesse vampire cherchant ses juvéniles victimes parmi les amateurs de jeux vidéo était des plus séduisantes, et laissait présager un vrai renouveau du genre. En l’état, le film de William Brent Bell ne dépasse pourtant guère le statut de simple curiosité gentiment distrayante.

 

© Gilles Penso

 

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