Une comédie horrifique britannique déjantée qui oppose deux amis à un duo de séductrices prêtes à les sacrifier au cours d’un rituel sanglant…
DOUBLE DATE
2017 – GB
Réalisé par Benjamin Barfoot
Avec Danny Morgan, Georgia Groome, Michael Socha, Kelly Wenham, Dougie Poynter, Tom Sturridge, Brooke Norbury, Maria Barr, Benny Bereal
THEMA SORCELLERIE ET MAGIE
Benjamin Barfoot est un cinéaste britannique originaire de Torbay, dans le Devon. Homme à tout faire autodidacte (monteur, cadreur, graphiste, créateur d’effets visuels), il travaille d’abord pour plusieurs chaînes de télévision anglaises tout en réalisant une demi-douzaine de courts-métrages. Puis en 2017, il dirige son premier long-métrage, Double Date, écrit par son ami et collaborateur Danny Morgan qui en tient aussi le rôle principal. Cette œuvre rafraîchissante exhale un humour « so british » décomplexé proche de celui de Nick Frost, Edgar Wright et Simon Pegg (Shaun of the Dead), tout en se teintant d’un soupçon d’érotisme et surtout d’éléments purement horrifiques. Le cocktail slasher/comédie romantique/sorcellerie aurait pu s’avérer totalement indigeste. Mais le miracle opère, grâce à l’enthousiasme communicatif de la petite équipe à la tête de Double Date. Dès le générique de début – des séquences animées vintage écarlates s’insérant entre les titres « empruntant » la police de caractère d’Halloween – le ton décomplexé est donné, sur le tempo frénétique du « Run to your Mama » chanté par le groupe Goat.
En raison de sa timidité et de son manque de confiance en lui, Jim (Danny Morgan), à bientôt trente ans, n’a toujours pas couché avec une femme. Son ami Alex (Michael Sacha), dragueur invétéré, compte bien l’aider à franchir enfin le pas. Or la veille de son anniversaire, Jim réalise que deux jolies jeunes femmes lui font de l’œil dans un bar. Alex le pousse aussitôt à passer à l’attaque. Mais le prégénérique a donné un coup d’avance aux spectateurs. Nous savons donc que les deux tentatrices séduisantes, Kitty (Kelly Wenham) et Lulu (Georgia Groome), sont des tueuses d’hommes qui poursuivent un bien macabre projet. Si la nature exacte du sanglant rituel qu’elles préparent reste mystérieuse, le sort qu’elles réservent aux deux garçons nous semble fort peu enviable. Mais si Jim et Alex ne sont pas au bout de leurs surprises, les deux meurtrières non plus. Une série d’événements imprévus s’apprête en effet à leur mettre des bâtons dans les roues…
Sanglant rencart
Très drôle, évacuant tout temps mort, porté par des acteurs qui jouent tous le jeu avec beaucoup d’entrain (et visiblement avec une bonne dose d’improvisations favorisées par le réalisateur), Double Date séduit dès ses premières minutes. L’argument fantastique, à mi-chemin entre la sorcellerie et le pacte satanique, n’est en réalité qu’un prétexte pour railler les clichés liés aux relations hommes/femmes dans la société anglaise. La patine réussie de ce premier film (dont Barfoot signe le montage lui-même) force le respect. Quant au scénariste/acteur principal Danny Morgan, il n’hésite pas à jouer la carte de l’autodérision en se moquant ouvertement de son propre physique. Double Date collecte les séquences absurdes et excessives, notamment un repas familial qui tourne au délire pur, et se paie un mémorable climax mouvementé où la violence graphique est systématiquement désamorcée par des répliques absurdes. Ce petit plaisir sans prétention est hélas passé totalement inaperçu, privé d’une distribution digne de ce nom malgré son passage remarqué dans de nombreux festivals.
© Gilles Penso
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