THE STORMRIDERS (1998)

Un conte fantastique made in Hong-Kong qui mélange allègrement les arts martiaux, les sorts magiques et les créatures surnaturelles…

FENG YUN XIONG BA TIAN XIA

 

1998 – HONG-KONG

 

Réalisé par Waï Keung Lau

 

Avec Aaron Kwok, Ekin Cheng, Sonny Chiba, Kristy Yang, Qi Shu, Michael Tse, Rongguang Yu, Anthony Wong Chau-Sang

 

THEMA SORCELLERIE ET MAGIE I DRAGONS

Conçu pour reconquérir le jeune public chinois désertant peu à peu les salles de cinéma, The Stormriders puise son inspiration dans la culture populaire japonaise, autrement dit les mangas et les jeux vidéo. Ainsi, même si le scénario, adapté d’une bande dessinée de Ma Wing Shing, compose avec les éléments récurrents des contes chinois traditionnels, ici on cherche avant tout à moderniser le propos et la mise en scène, quitte à frôler l’anachronisme. La compagnie de production Golden Harvest et la société d’effets spéciaux Centro n’y sont donc pas allé de main morte, armées d’un budget estimé à plus de dix millions de dollars. Le personnage central est un puissant seigneur répondant au doux nom de Dominateur, et interprété par le vétéran Sonny Chiba. Son but dans la vie est de devenir le maître du monde, ni plus ni moins. Pour y parvenir, il doit former deux disciples nommés Vent d’Ouest et Nuage. Mais la prophétie – il y a toujours une prophétie dans ces cas-là – dit que dans dix ans, tous deux se mueront en redoutables guerriers qui causeront sa perte.

Tel est le point de départ de The Stormriders, et le prétexte est suffisant pour accumuler les scènes de combats, d’action et d’effets spéciaux en tous genres. Les amateurs d’arts martiaux déchantent rapidement, car la performance physique des comédiens et des cascadeurs est effacée sous des tonnes de trucages numériques, histoire de séduire les fans de Playstation et de Nintendo. Montage épileptique, ralentis stylisés, bonds prodigieux, boules d’énergie, explosions monumentales, tout y est. Ce parti pris est pour le moins discutable, car outre le sérieux manque de crédibilité des combats et la lisibilité rendue difficile de certaines actions, c’est toute l’esthétique des wu xia pan (appellation générique des films de cape et d’épée chinois) qui en prend un sacré coup. On en vient à regretter les bons vieux coups de tatane à l’ancienne et les scènes d’escrime plus traditionnelles.

Le dragon incandescent

Les batailles qui scandent le récit sont toutes nimbées de magie, voire de sorcellerie, notamment lorsque Vent d’Ouest fait léviter de l’eau pour la jeter sur ses adversaires, provoque des geysers par ses accès de fureur ou se déplace en volant dans une sphère transparente. La séquence la plus étonnante de ces 127 minutes frénétiques est l’affrontement de Nuage contre un dragon dans une caverne immémoriale. La bête, conçue dans une 3D d’aspect cartoon, a les allures d’un chien féroce, la taille d’un cheval, et le corps semblable à une gigantesque torche. Gardien d’un trésor, comme la plupart de ses congénères, le dragon s’avère être un adversaire redoutable, et notre héros n’en vient à bout qu’après une lutte épique, en le précipitant dans les eaux. Dommage que The Stormriders ait évacué toute finesse au profit du spectaculaire, car il contenait en substance tous les attraits d’un grand film épique et fantastique. Ce qui n’empêcha pas le film de remporter un colossal succès en Asie, relançant un genre en perte de vitesse et propulsant les effets spéciaux numériques au rang de nouveaux acteurs clefs du wu xia pan.

 

© Gilles Penso


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