MISFITS (2009-2013)

Des jeunes délinquants condamnés à des travaux d’intérêt général se retrouvent soudain dotés de super-pouvoirs. Que vont-ils en faire ?

MISFITS

 

2009/2013 – GB

 

Créée par Howard Overman

 

Avec Iwan Rheon, Robert Sheehan, Lauren Socha, Nathan Stewart-Jarrett, Antonia Thomas, Joe Gilgun, Karla Crome, Nathan McMullen, Natasha O’Keeffe

 

THEMA POUVOIRS PARANORMAUX I SUPER-HÉROS

Malgré son titre et son sujet, cette série britannique n’entretient aucun lien avec Misfits of Science (alias Superminds chez nous), un autre show de super-héros adolescents créé par James D. Parriott en 1985. Ce Misfits là, destiné à la chaîne BBC, s’intéresse à cinq délinquants effectuant des travaux d’intérêt général dans un centre communautaire. Il s’agit de Kelly Bailey (Lauren Socha), Curtis Donovan (Nathan Stewart-Jarrett), Alisha Daniels (Antonia Thomas), Simon Bellamy (Iwan Rheon) et Nathan Young (Robert Sheehan). Un jour, ils sont surpris par un orage aux propriétés surnaturelles et se retrouvent dotés de capacités très spéciales. Chacun de leurs nouveaux pouvoirs est lié à leur personnalité et exacerbe de manière surhumaine des traits de caractère déjà bien présents. Pris de remords à cause d’une erreur survenue dans le passé, Curtis peut désormais remonter le temps. Kelly, souvent jugée par les autres, a des pouvoirs télépathiques. Alisha, très à l’aise avec sa sexualité, plonge les gens dans une frénésie sexuelle lorsqu’ils entrent en contact avec sa peau. Quant au très discret Simon, il peut devenir invisible. Seul Nathan semble ne pas avoir changé… du moins pas encore. La tempête a également provoqué la folie de leur agent de probation qui décide soudain de les assassiner. Le drame qui s’ensuit va pousser les cinq jeunes adultes à se serrer les coudes bien malgré eux.

Née dans la foulée des dernières saisons de Heroes, Misfits pourrait presque être considéré comme son antithèse. Aucun élan particulièrement héroïque n’anime en effet cette poignée de protagoniste au sens moral pas particulièrement développé. Mais finalement, n’est-ce pas plus proche de ce qui arriverait réellement dans notre monde ? Si des gens étaient soudain dotés de capacités surnaturelles leur offrant un ascendant sur leurs semblables, combien d’entre eux se déguiseraient-ils pour se transformer en super-justiciers ? Et combien profiteraient-ils de ces nouveaux pouvoirs pour assouvir des désirs personnels et égoïstes ? Le fameux credo de Spider-Man, « de grands pouvoirs entraînent de grandes responsabilités », ne serait-il qu’une belle utopie ? C’est ce que tendrait à démontrer Misfits, avec une impertinence et une liberté de ton qui manquent souvent aux programmes télévisés américains. D’une certaine manière, le parti pris adopté par le show créé par Howard Overman annonce les thématiques qui seront développées dans Chronicle de Josh Trank.

Grands pouvoirs, zéro responsabilité

Le style de Misfits est indéfinissable dans la mesure où il s’emploie à casser tous les codes. Souvent drôle, la série est aussi terrifiante par moments, étonnante la plupart du temps, déstabilisante et finalement inclassable. Partagée entre la science-fiction, la satire sociale, l’épouvante, le drame et une certaine forme de poésie surréaliste, elle possède une saveur unique. Une grande partie de sa réussite repose sur l’alchimie miraculeuse qui s’établit être ses cinq acteurs principaux. Aussi, lorsque Robert Sheenan décide de quitter la série après la deuxième saison et que les producteurs le remplacent par une « grande gueule » incarnée par Joseph Gilgun, quelque chose commence à clocher. Sheenan n’est pas forcément meilleur acteur que les autres et Gilgun nous offre une prestation tout à fait honorable, mais l’équilibre premier est brisé. Cet état de fait va s’accentuer de saison en saison, au fil des changements incessants de comédiens que les scénarios justifient mais que les téléspectateurs n’apprécient pas toujours. La série s’achève au bout de cinq saisons et finit donc moins fort qu’elle n’a commencé, sans pour autant se départir du grain de folie et de l’originalité qui la dotent d’une identité tout à fait à part.

 

© Gilles Penso


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