DAVE MADE A MAZE (2017)

Un trentenaire oisif décide de fabriquer une maison en carton au milieu de son salon et se retrouve soudain perdu dans un labyrinthe surréaliste…

DAVE MADE A MAZE

 

2017 – USA

 

Réalisé par Bill Watterson

 

Avec Nick Thune, Meera Rohit Kumbhani, Kristen Vangsness, Stephanie Allynne, James Urbaniak, Scott Krinsky, Adam Busch, John Hennigan

 

THEMA MONDES PARALLÈLES ET MONDES VIRTUELS

Il est des films atypiques et inclassables dont le visionnement procure un plaisir rare : celui d’une découverte unique, d’une création inédite. Dave Made a Maze est de cet acabit. Récipiendaire de plusieurs prix après avoir fait la tournée des festivals du monde entier en 2017, il s’agit du premier long-métrage de Bill Watterson, acteurs jusqu’alors dans un certain nombre de films courts et d’épisodes de séries TV. Le scénario, co-écrit avec Steven Sears, cache derrière la folie de son concept une véritable réflexion sur le processus créatif et sur le caractère fragile de l’acte de mise en scène. S’agit-il d’une comédie ? D’un conte de fées pour adultes ? D’un film d’horreur ? D’un délire surréaliste ? D’une incursion science-fictionnelle dans un monde parallèle ? Un peu de tout ça à la fois, serait-on tenté de dire. Pour donner corps à ce scénario fou, la petite équipe du film, armée d’un budget extrêmement modeste, doit construire un décor présumé immense avec des bouts de cartons et de ficelles, agrémentés d’effets spéciaux volontairement artisanaux et visibles. C’est de ces partis pris que Dave Made a Maze tire sa force et son cachet.

Alors que sa petite amie Annie (Meera Rohit Kumbhani) est partie pour le week-end, Dave (Nick Thune) travaille avec acharnement sur son prochain grand projet artistique. Ce trentenaire qui a la mauvaise habitude de ne jamais rien terminer, qui ne travaille pas et vit grâce à l’argent que lui donnent ses parents, pense enfin avoir trouvé une idée de génie. Lorsqu’Annie rentre à la maison, elle découvre enfin le fameux projet : une maison en carton qu’il a construite dans le salon. Dave communique avec elle depuis l’intérieur et lui demande de ne pas y entrer pour ne pas la détruire. Or Annie entend des bruits mécaniques déconcertants. Il devient vite manifeste que Dave ne parvient pas à sortir de cette construction précaire qui s’est transformée en gigantesque labyrinthe à géométrie variable. La petite équipe d’amis qui décide de venir le libérer va se heurter à de nombreux pièges et à un redoutable minotaure.

Le chaos créatif

Drôle, loufoque et extrêmement inventif, Dave Made a Maze construit un monde féerique à mi-chemin entre Michel Gondry et Tim Burton, multipliant des effets spéciaux ingénieux à base de marionnettes, de maquettes, de perspectives forcées et de trucages numériques. Chaque scène du film est un émerveillement tant la surprise guette les spectateurs dans le moindre recoin de ce labyrinthe, métaphore manifeste du cerveau d’un artiste perdant peu à peu le contrôle de son énergie créatrice et qui cherche en vain à maîtriser le chaos. Dans ce dédale de carton, le sang qui gicle est fait de confettis, les oiseaux et les insectes sont des origamis vivants, le minotaure a une tête en carton. L’équipe de documentaristes qui s’immisce dans l’expédition de sauvetage et qui cherche à tirer parti de la situation en incitant les personnages à exagérer leurs émotions et à reformuler leurs dialogues devant leurs caméras ajoute une couche d’autodérision supplémentaire à cet objet filmique non identifié. Au détour de ses nombreux moments de folie, le film parvient même à nous toucher le temps d’un monologue de son acteur principal empreint de justesse et de fragilité.

 

© Gilles Penso


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