

Dans ce film de science-fiction ultra-minimaliste, un homme analyse le comportement de sa nouvelle compagne, une jeune femme 100% artificielle…
ROBOT GIRLFRIEND : REVENGE
2025 – USA
Réalisé par Jamie Grefe
Avec Sofia Papuashvili, Jamie Grefe
THEMA ROBOTS
Stakhanoviste du cinéma de série B, Jamie Grefe est un cas très particulier, enchaînant les tournages avec une boulimie peu commune. Au cours de l’année 2025, il aura réalisé une bonne quarantaine de longs-métrages ! Qui dit mieux ? Des thrillers, de la science-fiction, de l’horreur, bref une infinité de productions minimalistes et souvent expérimentales, bricolées avec des budgets microscopiques, dans lesquels le réalisateur joue la plupart du temps les rôles principaux et que personne ou presque n’a vus tant leur circuit de distribution est précaire, pour ne pas dire inexistant. Certains finissent tout de même par atterrir sur les plateformes de streaming et de VOD, comme par exemple Torment of the Witch (une histoire de sorcellerie), The Centipede Strangler (un slasher glauque), Blood Rush (un thriller avec un masque hanté) ou Paranormal Body Stream (un space opera horrifique). C’est aussi le cas de Robot Girlfriend : Revenge, entièrement tourné avec un iPad Pro, dans un décor unique et avec deux acteurs seulement : Grefe lui-même (qui tient la caméra et dont on entend seulement la voix, selon les codes éprouvés du « found footage ») et Sofia Papuashvili, qui assure le rôle de la jolie androïde et qui n’en est pas à son coup d’essai avec le réalisateur.


En entrant dans la peau d’un spécialiste de la robotique prénommé Bryan, Jamie Grefe filme en caméra subjective le comportement et les progrès de sa compagne Nao, une jeune femme artificielle dont il a assuré la programmation et qui se recharge dans le placard à balais. Admiratif, il observe sa capacité à comprendre des instructions simples, à faire le ménage, à converser, à se brosser les cheveux, bref s’émerveille d’un rien. Nao – alias le « modèle 742 » – réagit donc plutôt bien à tous les stimuli mais semble étrangement fascinée par les couteaux rangés dans la cuisine, qu’elle ne peut s’empêcher de manipuler. Sans doute y’a-t-il quelques petites choses à revoir dans sa programmation. Pour le reste, Nao remplit toutes ses fonctions avec beaucoup de talent, y compris celle d’amante. Sur ce point, il nous faudra cependant faire fonctionner notre imagination, puisque Bryan coupe logiquement son iPad dans la chambre à coucher.
La parfaite petite-amie ?
Le sujet est intéressant et le jusqu’au-boutisme du dispositif de mise en scène parvient assez tôt à intriguer les spectateurs. Certes, cette vision incroyablement machiste de ce qu’est censée être une parfaite petite-amie (mi-ménagère mi-poupée gonflable), nous laisse très perplexes, mais on imagine que le scénario va puiser dans ces clichés pour rebondir. Il n’en est rien, hélas, et Robot Girlfriend : Revenge prend rapidement la tournure du film le plus ennuyeux de tous les temps. Voir une actrice faire le ménage ou se coiffer en temps réel n’a en effet rien de très palpitant, c’est le moins qu’on puisse dire. Ce manque absolu de péripéties finit par produire un effet presque hypnotique, comme ces vidéos ASMR dont la vacuité peut au choix fasciner ou affliger. Par ailleurs, le film ne parvient pas à conserver la radicalité de son principe de caméra subjective jusqu’au bout, puisque certaines scènes qui montrent les agissements bizarres de Nao ne sont pas vues – et donc pas filmées – par le protagoniste, tout en conservant pourtant leur caractère de caméra portée accidentée. Allez comprendre. Une fois que la chute – très prévisible – survient et que le réalisateur n’a plus rien à raconter, il continue à jouer les prolongations pendant près de dix interminables minutes, jusqu’à un petit twist final en forme de coup de coude complice aux spectateurs qui achève de renforcer cette sensation de fumisterie généralisée. À ce rythme-là, on comprend mieux comment Jamie Grefe parvient à tourner des dizaines de longs-métrages chaque année.
© Gilles Penso
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