SUBSERVIENCE (2024)

Megan Fox incarne un robot docile qui fait le ménage, prépare des petits plats, s’occupe des enfants… et prend d’inquiétantes initiatives !

SUBSERVIENCE

 

2024 – USA

 

Réalisé par S.K. Dale

 

Avec Megan Fox, Michele Morrone, Madeline Zima, Matilada Firth, Jude Greenstein, Andrew Whipp, Atanas Srebrev, Manal El-Feitury, Antoni Davidov, JR Esposito

 

THEMA ROBOTS

Sex-symbol des années 2010, Megan Fox fit tourner la tête du public adolescent dans Transformers, Jennifer’s Body ou encore Jonah Hex, puis multiplia les apparitions sur les grands et les petits écrans tout en exposant régulièrement son impeccable silhouette dans les pages glacées de divers magazines de charme. En approchant de la quarantaine, la comédienne tient à varier les plaisirs. Si sa plastique reste irréprochable, ses rôles se veulent plus complexes. D’où sa prestation dans le thriller oppressant Till Death dirigé par S.K. Dale en 2021. Heureuse de cette expérience, elle renoue avec le cinéaste à l’occasion de Subservience dans laquelle Dale lui demande d’incarner un robot faussement docile (le titre pourrait se traduire par « soumission » ou « asservissement »). « Je connaissais plusieurs des points forts de Megan grâce à notre expérience passée, et j’ai pensé à ce qu’elle pouvait apporter au film », raconte le réalisateur « Dès le début, elle a proposé de faire bouger son personnage comme une ballerine, avec des gestes lents et précis. L’idée était excellente, et nous avons essayé de trouver le juste équilibre entre une prestation robotique inhumaine et l’expression d’un certain nombre d’émotions discrètes dans les scènes intimes. » (1) De fait, l’efficacité de Subservience repose beaucoup sur le travail de la comédienne, impeccable dans la peau de cet androïde trop parfait pour ne pas être suspect.

Le film se déroule dans un futur très proche où les robots côtoient de près les êtres humains. Mais nous ne sommes ni dans I, Robot, ni dans Alita : Battle Angel. Le monde décrit dans le film est donc ultraréaliste, très proche de ce que nous connaissons déjà. Les machines équipées d’une intelligence artificielle imitent à la perfection leurs créateurs et les secondent dans diverses tâches manuelles, occupant les chantiers de construction, les hôpitaux ou les jardins d’enfants. Le jour où son épouse (Madeline Zima) est victime d’une crise cardiaque qui la cloue sur un lit d’hôpital dans l’attente d’une greffe du cœur, Nick (Michele Morrone), contremaître dans le bâtiment et père de deux enfants, fait l’acquisition d’un robot humanoïde (Megan Fox) pour l’aider dans ses tâches domestiques. Modèle dernier cri de chez Kobol Industries, cette assistante est baptisée Alice par la fille de Nick et se montre particulièrement efficace. « Mon seul désir est de répondre à vos besoins » dit-elle à son propriétaire. Mais que veut-elle vraiment dire par là ? N’est-elle pas en train de développer des sentiments troubles, des initiatives imprévues et des projets funestes ?

Une nounou d’enfer

Subservience emprunte à priori des sentiers déjà balisés en détournant des motifs traités dans des œuvres aussi disparates que Megan, La Main sur le berceau ou même l’obscur Maid Droid. Si le film de Dale tire son épingle du jeu, c’est parce qu’il s’efforce d’aborder son sujet de la manière la plus crédible possible, inscrivant son intrigue dans un contexte social tangible, abordant frontalement la problématique de la main d’œuvre menacée d’être remplacée par des robots pour gagner en rentabilité. « C’est notre monde, maintenant », dit ainsi le patron de Nick qui s’apprête à licencier tous ses ouvriers au profit d’automates plus performants. Si Megan Fox crève l’écran dans son rôle de Mary Poppins au sourire éclatant, Michele Morrone livre à ses côtés une prestation naturaliste qui renforce beaucoup l’impact du film et ses nombreux moments de tension. Lorsqu’il s’éloigne du cadre intime et familial pour offrir aux spectateurs un climax explosif, Subservience finit par céder aux lieux communs hérités de Terminator, Hardware ou même Jeu d’enfant. Ce n’est certes pas la partie la plus subtile du film, mais elle ouvre une porte inquiétante sur les dérives à plus grande échelle d’une robotisation massive devenue incontrôlable. Ce sujet est d’autant plus d’actualité qu’au moment de la post-production de Subservience, Hollywood fut soudain frappé par une grève sans précédent des scénaristes et des acteurs, inquiets de voir l’intelligence artificielle risquer de menacer leurs emplois. La réalité s’apprêterait-elle à dépasser la (science)fiction ?

 

(1) Extrait d’une interview publiée dans Screen Rant en septembre 2024.

 

© Gilles Penso


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