TRAUMA (1976)

Talentueux spécialiste de l'épouvante télévisée, Dan Curtis passe au grand écran pour conter une effrayante histoire de maison hantée

BURNT OFFERINGS

1976 – USA

Réalisé par Dan Curtis

Avec Oliver Reed, Karen Black, Bette Davis, Burgess Meredith, Lee Montgomery, Eilen Heckart, Dub Taylor, Joseph Riley

THEMA FANTÔMES

Si Dan Curtis est un grand spécialiste du fantastique et de l’épouvante, ses talents se sont principalement déployés à la télévision. En ce sens, Trauma fait quasiment figure d’exception dans la mesure où il s’agit d’une de ses rares incursions sur le grand écran. S’appuyant sur le roman « Burnt Offerings » écrit en 1973 par Robert Marasco, Curtis démontre une fois de plus la grande efficacité de sa mise en scène sans recourir pour autant au moindre maniérisme, témoin de son expérience télévisuelle le poussant à aller à l’essentiel avec une économie de moyens remarquable. Ben Rolf (ce bon vieux Oliver Reed) et son épouse Marian (Karen Black, enceinte de quatre mois pendant le tournage), mariés depuis maintenant treize ans, viennent passer leurs vacances avec leur fils David (Lee Montgomery) et leur tante Elizabeth (Bette Davis) dans une immense maison étonnamment bon marché. Les propriétaires sont un frère et une sœur bizarres (Burgess Meredith et Eilen Heckart) qui ne leur réclament que 900 dollars pour tout l’été ainsi qu’une clause inhabituelle : servir les repas de leur vieille mère de 85 ans, cloîtrée dans une chambre au dernier étage de la maison. Dès les premières minutes du film, l’étrangeté s’immisce en douceur, notamment à travers la musique de Bob Cobert qui dote le moindre détail d’une touche insolite. Puis les comportements commencent à vaciller.

Tout commence lorsque Ben, en jouant dans la piscine avec David, tente subitement de le noyer, comme s’il était possédé par une force extérieure. Puis ses cauchemars d’enfance viennent le hanter : pendant l’enterrement de sa mère, un corbillard passe, derrière le volant duquel un croque-mort aux yeux cachés derrière des lunettes noires le regarde avec un rictus démoniaque. Marian elle-même commence à agir bizarrement. Apparemment obnubilée par leur mystérieuse hôtesse, elle ne laisse personne d’autre qu’elle s’en occuper et la visiter. Son apparence se met d’ailleurs à changer subtilement. Elle troque bientôt le jean et la chemise des années 70 contre une robe et un châle d’un autre âge, s’éclaire à la bougie, mange avec des couverts en argent… Quant à la tante Elizabeth, elle perd peu à peu toute son énergie, s’épuisant de plus en plus fréquemment.

La maison est vivante !

Un soir, à minuit, les horloges déréglées de la maison se mettent à l’heure toutes seules, et David manque d’être asphyxié par une fuite de gaz dans le chauffage de sa chambre. Plus tard, la mort frappe de plein fouet nos héros. La maison, comme ayant acquis une énergie nouvelle, se débarrasse alors de son écorce et rajeunit de surnaturelle manière. Même la serre, où toutes les plantes étaient en train de pourrir, refleurit soudain miraculeusement. Ben et David tentent bien de s’enfuir, mais les arbres et les plantes s’animent pour les en empêcher… La maison agit ainsi comme une entité propre, une mère possessive qui envoûte ses occupants, les prive d’autonomie, les rend dépendants et les empêche de quitter son giron. S’achevant sur un dénouement choc d’une étonnante brutalité, Trauma est assurément un grand moment d’épouvante.

 

© Gilles Penso

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