CAPTAIN AMERICA : LE SOLDAT DE L’HIVER (2014)

Sous l'influence des thrillers politiques des années 70, ce second épisode positionne le First Avenger comme une figure active du contre-pouvoir

CAPTAIN AMERICA – THE WINTER SOLDIER

2014 – USA

Réalisé par Anthony et Joe Russo

Avec Chris Evans, Scarlett Johansson, Samuel L. Jackson, Sebsatian Stan, Anthony Mackie, Frank Grillo, Robert Redford

THEMA SUPER-HEROS I SAGA CAPTAIN AMERICA I AVENGERS I MARVEL

Malgré une écriture au cordeau et un soin tout particulier accordé à chacun de ses protagonistes, Avengers n’avait pas vraiment eu le loisir de détailler l’une des facettes les plus intéressantes du capitaine Steve Rogers : sa difficile adaptation au monde moderne après une période d’hibernation de presque sept décennies. La constitution du groupe de super-héros le plus déséquilibré qui soit (« une bombe à retardement » selon le docteur Bruce Banner) et la menace extra-terrestre s’abatant sur New York prirent fatalement le dessus sur cette crise identitaire. En réalité, plusieurs séquences illustrant le décalage entre le justicier des années 40 et la société du 21ème siècle étaient prévues au sein du film de Josh Whedon, mais le foisonnement du récit l’empêcha de les intégrer. Elles sont donc reprises telles quelles dans Captain America : le Soldat de l’Hiver, qui constitue une séquelle idéale au premier Captain America de Joe Johnston, prolongeant habilement plusieurs thématiques en germe dans le premier volet. Au-delà du déracinement de son héros, Captain America : le Soldat de l’Hiver approfondit ses relations avec Natasha Romanov et son rapport complexe à l’autorité représentée par Nick Fury.

L’aspect humain prime donc sur le spectaculaire, un parti pris probablement dicté par un duo de réalisateurs jusqu’alors spécialisés dans la comédie. Le scénario révèle bien vite ses sources d’inspiration majeures : les thrillers politiques et paranoïaques des années 70, notamment Les Trois Jours du Condor de Sydney Pollack. La présence de Robert Redford au générique du film n’est donc pas fortuite et traduit une volonté manifeste d’orienter cette séquelle sur le territoire de l’espionnage à l’ancienne. Captain America : le Soldat de l’Hiver s’écarte ainsi un peu des canons du film de super-héros traditionnel, détachant le Faucon des clichés en vigueur chez les personnages de sidekicks et offrant au Soldat de l’Hiver beaucoup plus de complexité qu’un « super-vilain » classique.

Quelques échauffourées ébouriffantes

L’action n’est pas en reste pour autant, chaque belligérant opérant selon des techniques de combat distinctes au sein d’affrontement d’autant plus spectaculaires qu’ils semblent solliciter de véritables cascades. De l’intervention de Captain America sur un bateau pris en otage en tout début de métrage, suivie en plan-séquence par une prise de vue aérienne, à la bataille finale sise à des centaines de mètres au-dessus du sol entre Steve Rogers et sa Nemesis, le film s’avère généreux en échauffourées musclées. Le bouclier bleu blanc rouge dépasse largement sa fonction d’élément décoratif patriotique pour révéler son efficace potentiel offensif, les ailes télescopiques du Faucon nous offrent quelques envolées vertigineuses ébouriffantes, la Veuve Noire lutte avec une grâce acrobatique toujours aussi sensuelle et le Soldat d’Hiver surprend par la brutalité et la précision de ses assauts. La bande originale d’Henry Jackman (signataire de la superbe partition d’X-Men, le commencement) n’est pas à la hauteur du spectacle, foulant tranquillement les sentiers battus musicaux de rigueur, mais c’est l’une des rares faiblesses de ce qui s’affirme comme l’un des meilleurs épisodes de la saga Marvel.

 

© Gilles Penso

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