X-MEN LE COMMENCEMENT (2011)

Le genèse des mutants de Marvel nous est contée dans cet excellent film choral qui prend ses racines dans les tourments de la Deuxième Guerre Mondiale

X-MEN FIRST CLASS

2011 – USA

Réalisé par Matthew Vaughn

Avec James McAvoy, Michael Fassbender, Kevin Bacon, Jennifer Lawrence, Beth Goddard, Rose Byrne, Oliver Platt, Jason Flemyng

THEMA SUPER-HEROS I MUTATIONS I SAGA X-MEN I MARVEL

Avec les deux premiers X-Men, Bryan Singer avait donné un véritable coup de fouet à l’univers Marvel et aux films de super-héros. Mais les déclinaisons suivantes (un troisième opus rejeté en bloc par les fans et un X-Men Origins : Wolverine moyennement convaincant) marquaient sans conteste les limites du concept. Aussi la mise en chantier de ce X-Men : le commencement ressemblait-elle à une opération marketing de la dernière chance, empruntant prudemment la voie ouverte par d’autres préquelles à succès telles que la seconde trilogie Star Wars ou le Star Trek de J.J. Abrams. Rien de bien palpitant ne s’annonçait donc dans cette « First Class » initiée par Fox et Marvel. Et pourtant… quelle claque ! Bryan Singer, de retour aux commandes en tant qu’auteur et producteur, et Matthew Vaughn, passé derrière la caméra après avoir largement fait ses preuves grâce à Stardust et Kick-Ass, reprennent les choses en main avec une virtuosité qui confine au génie. En quelques minutes, X-Men : le commencement s’impose ainsi comme le meilleur épisode de la saga, articulant sa narration autour du droit à la différence, clef de voûte thématique de l’univers des X-Men tel qu’il fut imaginé par Stan Lee et Jack Kirby.

Et pour traiter frontalement l’intolérance, le racisme et la marginalisation, l’arc narratif du film s’étend entre deux points historiques cruciaux : la seconde guerre mondiale et la crise des missiles cubains. Avec une audace scénaristique époustouflante, le quatrième long-métrage de Matthew Vaughn s’ouvre sur le prologue du premier X-Men et le prolonge. Le jeune Eric Lehnsherr, prisonnier des camps de la mort nazis, y révèle des pouvoirs paranormaux qui attisent l’intérêt du professeur Shaw. Un traumatisme violent ne tarde pas à le frapper, creusant les stigmates de sa future personnalité et amorçant une dévorante soif de vengeance. Lorsque nous retrouvons Eric dans les années 60, c’est un homme extrêmement déterminé, maîtrisant désormais ses capacités télékinétiques. Glacial et charismatique comme le James Bond incarné par Sean Connery à l’aube de swinging sixties, il s’impose comme le protagoniste le plus complexe et le plus passionnant du film, révélant au passage l’immense talent de son interprète Michael Fassbender.

Un tour de force vertigineux

A ses côtés, James McAvoy et Kevin Bacon excellent dans les rôles respectifs du jeune Charles Xavier et du redoutable Simon Shaw. Aucun des personnages secondaires n’est d’ailleurs laissé au hasard, chaque sous-intrigue se nouant et se dénouant au fil d’un récit vertigineux qui mue les mutants en acteurs majeurs d’un conflit réel dont chacun connaît l’issue – et qui génère pourtant un suspense affolant au cours d’un climax excessivement tendu. Survolté dans ses séquences d’action palpitantes, paré d’une violence brute qui sait éviter toute complaisance, profondément touchant dans l’appréhension du mal-être de ses protagonistes en marge, X-Men : le commencement est un véritable tour de force qui sait remplir toutes les conditions de son cahier des charges (amorcer une nouvelle trilogie qui respecte les codes déjà établis, abreuver les fans de références et des clins d’œil) sans jamais perdre sa personnalité et sa singularité.

 

© Gilles Penso

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