BAT WOMAN (1968)

Une super-héroïne catcheuse mi-femme mi-chauve souris qui n'a rien à voir avec DC Comics malgré les apparences

LA MUJER MURCIELAGO

1968 – MEXIQUE

Réalisé par René Cardona

Avec Maura Monti, Roberto Cañedo, Héctor Godoy, David Silva, Crox Alvarado, Armando Silvestre, Manuel Capetillo, Ofelia Chavez

THEMA SUPER-HEROS I MONSTRES MARINS

Le succès de la série TV Batman engendra maintes imitations aux quatre coins du monde, la moins étrange n’étant pas cette Bat Woman mexicaine qui échappa par miracle au procès pour plagiat. Comme son confrère Bruce Wayne, notre ravissante femme chauve-souris (Maura Monti) est une riche bienfaitrice qui, dès que le crime sévit, endosse sa tenue de super-héroïne et lutte contre le mal. Imaginez donc une jolie fille en bikini affublée du masque, de la cape, des gants et des bottes de Batman, et vous aurez une idée assez précise du look délicieusement kitsch de cette Bat Woman. Evidemment, lorsque notre justicière assiste à une autopsie dans cette tenue improbable et se frotte pensivement le menton en élaborant diverses théories, le spectateur doit fournir un effort considérable pour la prendre au sérieux sans pouffer. Au volant d’une grande décapotable inspirée de la Batmobile, armée de gadgets très féminins (un petit miroir qui se transforme en pistolet), elle pousse l’élégance jusqu’à faire varier quelque peu sa panoplie : des palmes et une bouteille de plongée pour les excursions sous-marines, un pantalon à bretelles pour faire plus chic, et même un justaucorps complet lorsqu’elle catche (car notre demoiselle pratique la Lucha Libre, le sport le plus populaire du Mexique, et s’érige aussi du même coup en penchant féminin du légendaire Santo). 

C’est d’ailleurs le milieu du catch qui la sollicite dans le film, car plusieurs lutteurs kidnappés à Acapulco sont retrouvés sans vie et mobilisent les services de police. Le coupable est le docteur Eric Williams, qui pratique sur son yacht d’étranges expériences. En compagnie d’un assistant prénommé Igor comme il se doit, il place dans un même aquarium un petit poisson et un Big Jim en plastique, fait bouillonner l’eau, et s’étonne de n’obtenir aucun résultat. Mais notre homme est tenace. En kidnappant des catcheurs, qui représentent à ses yeux les êtres humains les plus proches de la perfection, il prélève leur glande pinéale et la greffe à des poissons. Pourquoi, me direz-vous ? Pour créer une race d’hommes-poissons mutants invincibles capables d’évoluer sur terre et dans les mers. Sans doute a-t-il trop regardé Frankenstein et L’Etrange créature du lac noir  dans sa jeunesse. 

Un grand moment de cinéma bis décomplexé

Evidemment, Batwoman ne l’entend pas de cette oreille (pointue) et débarque sur le bateau, distribuant les coups de tatane et jetant de l’acide au visage de Williams. Désormais défiguré, il ne rêve plus que de vengeance. Et quoi de mieux, pour assouvir une vengeance, qu’un bon homme-poisson ? Son expérience réussit enfin, et notre savant s’extasie face à la beauté plastique de sa créature (un homme dans un costume en caoutchouc qui plisse, avec une tête de gargouille hypertrophiée, des yeux gros comme des balles de tennis, des mains et des pieds palmés et une mignonne petite queue). Désormais, Williams est prêt pour la seconde phase de son projet (roulements de tambour) : la création d’une femme-poisson ! Avec son héroïne sexy, son monstre ahurissant et son savant fou caricatural, cette Bat Woman latino est donc un grand moment de cinéma bis décomplexé, scandé par une partition jazzy joyeusement sixties.

 

© Gilles Penso 

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