BILLY THE KID VS DRACULA (1966)

Sous la caméra du vétéran William Beaudine, John Carradine endosse la cape de Dracula et s'en va vampiriser le Far West

BILLY THE KID VS. DRACULA

1966 – USA

Réalisé par William Beaudine

Avec John Carradine, Chuck Courtney, Melinda Plowman, Roy Barcroft, Harry Carey Jr 

THEMA DRACULA I VAMPIRES

Billy the Kid vs. Dracula : voilà un titre qui annonce clairement la couleur. Âgé de soixante-quatorze ans, à l’apogée d’une filmographie ornée de plus de trois cents films, le vénérable William Beaudine (surnommé « one shot Beaudine », par son habitude à ne tourner qu’une seule prise pour gagner du temps et de l’argent) osait ainsi l’impensable : plonger le comte vampire de Bram Stoker en plein Far West ! Il faut dire que Beaudine nous avait déjà fait le coup avec Jesse James Meets Frankenstein’s Daughter, les deux films ayant été tournés coup sur coup pour être exploités ensuite en double programme. Tourné en seulement huit jours, cet improbable mixage de film d’épouvante et de western met donc en scène Dracula, interprété tour à tour par une chauve-souris en plastique assez risible ou par un John Carradine vieillissant aux yeux exagérément écarquillés (Carradine portait déjà la cape noire dans La Maison de Frankenstein et La Maison de Dracula d’Erle C. Kenton). Vampirisant toutes les jeunes filles de l’Ouest qui passent à sa portée (indifféremment visages pâles ou peaux-rouges), il jette finalement son dévolu sur la belle Betty Bentley (Melinda Plowman), en se faisant passer pour son oncle John Underhill. Or Betty est fiancée au gérant du ranch familial William Boney (Chuck Courtney), qui n’est autre que l’as de la gâchette Billy the Kid.

Quelques bagarres, un petit échange de coups de feu, deux ou trois chevauchées et beaucoup de parlotte comblent péniblement les soixante-quinze minutes du métrage, au fil d’une intrigue archi convenue qui se contente de transposer au Far West tous les clichés inhérents au vampirisme. L’aconit, les crucifix et les miroirs sont donc de mise, tous les protagonistes s’efforçant de convaincre Betty que son oncle est en réalité un vampire. Mais la belle n’y voit que du feu, jusqu’à ce qu’une nuit, le visage éclairé par un projecteur rouge, Dracula ne l’hypnotise en lui déclarant sa flamme : « demain tu rejoindras les morts-vivants, comme moi ». Cette technique de drague, pas très orthodoxe, fait pourtant son petit effet, et les canines du vampire finissent plantées dans la jolie gorge de cette émule de Mina Harker. Et tandis que Dracula transporte sa promise vampirisée dans le lit douillet qu’il a aménagé au fin fond d’une mine désaffectée, Billy the Kid s’échappe de la prison où un rival l’a fait jeter pour mener la bataille promise par le titre du film.

Cowboy contre vampire !

« Le tireur le plus mortel de l’Ouest ! Le tueur le plus diabolique du monde ! » s’écriait le slogan de l’époque pour préparer le public à un affrontement homérique. Mais le combat en question n’a rien d’excitant. Un cow-boy fadasse et inexpressif se faisant mollement empoigner par un vampire amaigri et barbichu en haut-de-forme, tel est le climax de Billy the Kid Vs. Dracula, une petite curiosité dont le seul intérêt réside finalement dans son humour involontaire et dans les charmes gracieux de Melinda Plowman, une habituée des prestations télévisées dans les années 60 (Bonanza, Le Fugitif, Les Mystères de l’Ouest). Billy the Kid Vs. Dracula fut le chant du cygne de William Beaudine, s’éteignant en 1970 après une carrière sacrément bien remplie.

 

© Gilles Penso

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