CHAIR POUR FRANKENSTEIN (1973)

Andy Warhol, Paul Morrissey et Antonio Margheriti unissent leurs talents pour concevoir une version trash et excessive du mythe de Mary Shelley… en relief !

FLESH FOR FRANKENSTEIN / CARNE PER FRANKENSTEIN

1973 – ITALIE

Réalisé par Paul Morrissey

Avec Joe Dallessandro, Udo Kier, Dalila di Lazzaro, Monique Van Vooren, Arno Juerging, Srdjan Zelenovic, Nicoletta Elmi

THEMA FRANKENSTEIN

Suite aux nombreux films underground qu’ils signèrent ensemble dès la fin des années 60, Andy Warhol et Paul Morrisey décidèrent de tenter une nouvelle expérience : un film d’horreur produit par le premier et réalisé par le second, avec l’aide du metteur en scène Antonio Margheriti. Le résultat de cette association est Chair pour Frankenstein, une adaptation parfaitement délirante du roman de Mary Shelley. L’apparent classicisme formel du film  – décors, costumes, musique – ne contraste que plus violemment avec ses débordements érotico-gore excessifs, qui semblent avant tout avoir été conçus pour choquer le bourgeois et soulever la controverse. Udo Kier incarne ici le plus illuminé de tous les barons de Frankenstein. Marié avec sa propre sœur (Monique Van Vooren), il déclame des répliques aussi hallucinantes que : « si nous réussissons à découvrir l’obsédé parfait, nos chances seront très grandes, et le mâle ainsi créé sera le fornicateur de ma femelle zombie » ! Et de raconter tout ça en cousant tranquillement des morceaux de cadavres !

Doté d’ambitions carrément nazifiantes, il veut créer une nouvelle race aryenne pour repeupler la terre, « la vraie incarnation de la race serbe », et choisit la tête de sa créature mâle en fonction de son nez grec ! Ses fonctions de chirurgien lui facilitent grandement la tâche pour disposer des corps dont il a besoin dans le but d’effectuer les prélèvements qui serviront à « construire » ses créatures. Très vite pourtant, la matière première manque et il jette alors son dévolu sur les gens des villages environnants. Au comble de cette « folie créatrice », c’est vivants qu’il finira par dépecer ses « donneurs ». Guidé par sa folie créatrice, Frankenstein parviendra effectivement à donner une vie à deux êtres esthétiquement parfaits, un mâle (Srdjan Zelenovic) et une femelle (Dalila di Lazzaro), mais ceux-ci refusent de se laisser manipuler par leur créateur et la révolte ne tardera pas à gronder…

Le sang gicle en 3D

Éviscérations diverses, décapitations au sécateur, jets de sang et d’organe éclaboussent joyeusement le métrage, tandis que l’érotisme le plus morbide s’étale à l’écran. Le baron s’accouple ainsi à sa « femelle zombie » pas encore vivante, tandis que sa sœur et épouse se laisse volontiers gagner par les charmes de la créature male et du valet incarné par Joe Dallessandro. Quant au climax, il atteint les sommets du genre : la femme de Frankenstein succombe à l’étreinte de la créature mâle, la femelle voit sa cicatrice ventrale grande ouverte par la langue lubrique de l’assistant Otto (Arno Juerling), lequel est étranglé par Frankenstein, ce dernier se retrouvant finalement empalé par une lance au bout de laquelle se suspend son foie avant que le mâle ne finisse par s’auto-éventrer ! Les cinq cadavres s’entassent alors sur le sol du laboratoire, tandis que le valet, attaché au plafond, s’apprête à devenir victime des expériences des deux enfants du Baron, à peine âgés d’une dizaine d’années ! Tourné en relief, Chair pour Frankenstein remporta un grand succès au moment de sa sortie puis de sa réexploitation en 1982, avant de devenir un hit en vidéo. La même équipe tourna dans la foulée Du sang pour Dracula, bénéficiant en outre du même casting et des mêmes décors.

 

© Gilles Penso

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