CONDORMAN (1981)

Un film de justicier masqué joyeusement délirant produit à une époque où les super-héros n'étaient pas encore le fond de commerce du studio Disney

CONDORMAN

1981 – USA

Réalisé par Charles Jarrott

Avec Michael Crawford, Oliver Reed, Barbara Carrera, James Hampton, Jean-Pierre Kalfon, Dana Elcar, Vernon Dobtcheff

THEMA SUPER-HEROS I ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION

Probablement sensibilisés par le succès planétaire de Superman et Moonraker les studios Disney décidèrent de concocter au début des années 80 un divertissement tout public parodiant à la fois la série des James Bond et les films de super-héros. Ils s’appuyèrent à cet effet sur le roman « The Game of X » de Robert Sheckley. Incarné par Michael Crawford, Woody Wilkins est un créateur de bande dessinée tellement perfectionniste qu’il a besoin de tester à échelle réelle tout ce qu’il dessine pour s’assurer que ça fonctionne réellement. Ainsi, lorsqu’il imagine un agent secret nommé « Condorman », revêtu d’un costume de rapace et d’ailes mécaniques à la Leonard de Vinci, menant une mission secrète en plein Paris, il n’y va pas par quatre chemins : il s’affuble d’un costume identique et se jette du haut de la Tour Eiffel ! Fonctionnaire au service de la CIA, son meilleur ami Harry lui demande un jour de lui rendre un service : se rendre à Istanbul pour remettre un dossier à un agent Russe. Or l’agent en question est la très séduisante Natalia (Barbara Carrera, imitant la Barbara Bach de L’Espion qui m’aimait deux ans avant qu’elle ne rencontre elle-même James Bond dans Jamais plus jamais) dont il s’éprend bien vite. Lorsque cette dernière réclame ses services pour passer à l’Ouest, le gouvernement américain accepte de financer la mission, mettant à disposition de Woody toute une série de gadgets ainsi qu’une panoplie de Condorman flambant neuve…

Le plus gros regret que l’on puisse formuler à l’égard de Condorman est la médiocrité de son scénario. Au lieu de bâtir un pastiche savoureux dans lequel un héros ordinaire est pris par erreur pour un espion de haut niveau (c’était le sujet du roman de Shekley), le scénariste Mickey Rose et le réalisateur Charles Jarrot ne savent visiblement pas trop quoi faire du sujet qu’ils ont entre les mains et le traitent de ce fait par-dessus la jambe. Le simple auteur de BD se mue donc sans aucune difficulté en super-héros invincible, sa romance avec la belle Natalia n’est qu’un amoncellement de clichés puérils, et le grand méchant Krokov est incarné sans beaucoup de conviction par un Oliver Reed peu concerné par son personnage. Quant à l’humour, il est généralement maladroit, voire embarrassant, comme en témoigne la scène de la bagarre dans l’église.

Maladroit mais attachant

Nanti d’un budget conséquent et tourné aux quatre coins du monde (Etats-Unis, Yougoslavie, France, Monte-Carlo, Italie), Condorman restera donc principalement mémorable pour quelques scènes d’action dignes de la saga 007 (la poursuite entre cinq voitures de sport noire et une « condormobile » bourrée d’armes offensives et défensives, la bataille navale finale à coups de lance-roquettes et de rayons laser), un costume de super-héros délicieusement kitsch, un « main theme » alerte composé par Henry Mancini et un redoutable tueur à l’œil d’argent nommé Morovich et campé avec beaucoup de présence par ce bon vieux Jean-Pierre Kalfon. La fin du film est ouverte, mais aucune suite ne vit le jour, étant donné l’accueil tiède reçu à l’époque.

© Gilles Penso

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