CONSTANTINE (2004)

Keanu Reeves incarne un héros extralucide partagé entre le monde des vivants et l'au-delà dans cette adaptation du comics "Hellblazer"

CONSTANTINE

2004 – USA

Réalisé par Francis Lawrence

Avec Keanu Reeves, Rachel Weisz, Shia LaBeouf, Gavin Rossdale, Djimon Hounsou, Tilda Swinton, Peter Stormare 

THEMA DIABLE ET DEMONS I SAGA DC COMICS

Constantine est une adaptation du comic book « Hellblazer », créé par Jamie Delano et Garth Ennis pour DC/Vertigo. Pour éviter une confusion avec la franchise Hellraiser, le titre de la BD originale fut remplacé par le nom du personnage principal, lequel a subi maints changements pour son passage à l’écran. Extralucide anticonformiste à cheval entre notre monde et celui de l’au-delà, John Constantine vit à Liverpool et s’inspire physiquement du chanteur Sting. Dans le film, il se transforme en citoyen de Los Angeles et arbore les traits lisses de Keanu Reeves, après que Nicolas Cage ait été envisagé pour le rôle. On ne peut s’empêcher de penser qu’il s’agit d’une erreur de casting, motivée par le succès de la trilogie Matrix, car Reeves entre sans conviction dans la peau de cette épave humaine désabusée.

Assisté par un jeune chauffeur de taxi et en contact avec un receleur d’un genre spécial (qui fournit de l’haleine de dragon, des ampoules d’eau bénite, des fragments de balles provenant de l’attentat contre le pape), John Constantine est une sorte d’exorciste guerrier en costume cravate, armé d’un fusil en forme de crucifix. Suite à sa tentative de suicide alors qu’il était adolescent et à sa mort clinique de deux minutes, il a séjourné en Enfer puis en est revenu. Depuis, il a des visions de l’au-delà, un don qu’il considère comme une malédiction.  Un jour, Angela Dodson (Rachel Weisz), femme flic croyante, vient lui demander de l’aider à élucider le meurtre déguisé en suicide de sa sœur jumelle Isabel, lui affirmant que « Dieu a un dessein pour chacun de nous. » Ce à quoi John répond stoïquement : « Dieu est un enfant qui joue à la poupée. Il n’a aucun dessein ». Mais il accepte l’enquête, et découvre que rien ne va plus chez Saint Pierre et Lucifer. Jusqu’alors, les démons étaient censés rester en Enfer et les anges au Paradis, à l’exception des hybrides des deux camps, des « trafiquants d’influence » donnant des impulsions aux humains.

Si tu fumes, tu iras en enfer !

Or la donne a changé et les démons commencent depuis peu à ramper et voleter à la surface de la Terre. Car Mammon, le fils du Diable, projette de venir régner sur notre monde grâce à la « lance du destin », celle du soldat qui tua le Christ, et qu’un homme a découvert par hasard au Mexique. Constatine a donc du pain sur la planche. Après avoir réalisé des clips pour Britney Spears, Janet Jackson et Jennifer Lopez, Francis Lawrence dirige là son premier long, qu’il ponctue de séquences choc : l’exorcisme d’une jeune fille et la capture d’un démon dans un miroir, la créature constituée de milliers d’insectes qui attaque Constantine dans la rue, l’agression des  héros par une nuée de démons hommes-chauve-souris en pleine nuit, Angela aspirée par une force invisible qui lui fait traverser tous les murs d’un immeuble avec fracas. Le clou du spectacle est la plongée de John dans les Enfers. Inspiré d’images de tests nucléaires, le décor écarlate est empli de bâtiments et de véhicules soufflés, de nuées de soufre et de démons maigrichons aux visages grimaçants. Tout ça manque cruellement de finesse, et l’apparition finale de Peter Stormare en Lucifer confine au grotesque. Sans compter le message sous-jacent du film, qu’on pourrait résumer ainsi : « Si tu fumes, tu iras en Enfer » !

© Gilles Penso

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