THE CROW (1994)

Une très belle adaptation de la bande-dessinée de James O'Barr, qui fut endeuillée par la mort de son acteur principal

THE CROW

1994 – USA

Réalisé par Alex Proyas

Avec Brandon Lee, Ernie Hudson, Michael Wincott, David Patrick Kelly, Angel David, Rochelle Davis, Ling Bai, Laurence Mason

THEMA FANTÔMES I SAGA THE CROW

Adapté de la bande dessinée homonyme créée par James O’Barr, The Crow conte la triste destinée d’Eric Draven, chanteur dans un groupe de rock et amoureux fou de la belle Shelly Webster. La veille de leur mariage, tous deux sont sauvagement assassinés. Or, selon une ancienne croyance, l’âme d’un défunt est conduite par un corbeau au pays des morts. Et parfois, lorsque cette âme n’est pas en paix, le corbeau la ramène pour qu’elle rétablisse le bien. Ainsi, un an après le drame, le corbeau ramène Eric à la vie… Un peu en rupture avec la production fantastique de son époque, The Crow est un film noir et mélancolique, évacuant pratiquement tout humour pour nous conter les exploits désespérés d’un super-héros de bande dessinée revenu d’entre les morts pour une vengeance d’outre-tombe, sous la forme d’un clown funèbre vêtu de noir. Une indéniable poésie visuelle se dégage des magnifiques images du film, véhiculée notamment par le corbeau alter ego du héros qui ne cesse de traverser le ciel toujours noir de cette cité lugubre et pluvieuse aux allures de Gotham City. « Mon inspiration sur The Crow vient surtout de la bande dessinée de laquelle est tirée le film », nous explique Alex McDowell, le créateur des somptueux décors « Le choix d’une palette quasi-monochrome était en accord avec le dessin noir et blanc du comic-book, et l’atmosphère du film est inspirée du centre-ville de Détroit, où se situe l’histoire écrite et dessinée par James O’Barr. » (1)

Pour un réalisateur pratiquement débutant, Alex Proyas s’avère particulièrement doué, et ses influences transparaissent parfois à travers les scènes d’action violentes et les gunfights, évoquant tour à tour Russel Mulcahy et John Woo. Brandon Lee apporte tout le charisme, l’agilité, la tristesse et la beauté nécessaires à ce héros plus noir que le Batman de Tim Burton. Son allure de clown triste, partiellement inspiré par le look du chanteur Robert Smith des Cure, fait écho à un autre personnage de Burton, Edward aux mains d’argent, mais la haute stature et la souplesse aérienne du fils de Bruce Lee se démarquent du pantin maladroit aux doigts métalliques incarné par Johnny Depp. Face à Brandon Lee, Michael Wincott s’avère une fois de plus taillé sur mesure dans le rôle d’un méchant vraiment digne de ce nom, sa voix rauque et son visage de rapace ayant déjà fait leur preuve dans 1492 de Ridley Scott et Les Trois Mousquetaires de Stephen Herek.

« Le véritable amour dure toujours… »

Le climax de The Crow, sous forme d’un affrontement bon/méchant sur les toits de la ville, semble un peu obéir aux conventions du genre, mais le film s’achève en toute beauté, sur une jolie réplique fermant la boucle du récit : « Si les gens que nous aimons nous sont enlevés, le seul moyen de les garder en vie est de ne jamais cesser de les aimer. Les immeubles brûlent, les gens meurent, mais le véritable amour dure toujours. » Le message est d’autant plus touchant que Brandon Lee mourut pendant le tournage du film, suite à un accident malencontreux brisant net l’envol d’une carrière qui s’annonçait pleine de promesses. Avec l’accord de sa famille, Alex Proyas fut donc contraint d’effectuer quelques tours de magie numériques pour intégrer le comédien dans les scènes qu’il n’avait pas encore eu le temps de tourner, complétant ainsi son film-testament.


(1) propos recueillis par votre serviteur en juillet 2005

© Gilles Penso

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