MONSTRO ! (2010)

Trois bad girls qu'on croirait échappées d'un film de Russ Meyer se retrouvent confrontées à un monstre marin tentaculaire

EL MONSTRO DEL MAR !

2010 – AUSTRALIE

Réalisé par Stuart Simpson

Avec Nelli Scarlet, Kyrie Capri, Karli Madden, Kate Watts, Norman Yemm, Scott Brennan, Steven Stagg, David Grannon

THEMA MONSTRES MARINS

Dix ans durant, à partir du milieu des années 70, le cinéma australien fut l’un des contributeurs les plus originaux, les plus novateurs du  fantastique. Le temps béni des Pique-nique à Hanging RockPatrickLong week-end et  Mad Max. Depuis, si le genre suscite encore des vocations, plus de  mouvement collectif, sinon des cas isolés, sporadiques, tel notablement Andrew Traucki via Dark Water et The Reef. Stuart Simpson peut-il prétendre avec Monstro ! insuffler à ce cinéma-là un sang neuf ? Négatif. Ce n’était d’ailleurs pas son intention. Son ambition : ficeler vaille que vaille une petite production décalée, sous influence avouée de Quentin Tarantino et en hommage aux séries B produites ou réalisées par Roger Corman. Pourtant, Monstro ! ne démarre justement pas comme un Roger Corman, mais plutôt manière Faster, Pussycat, Kill, Kill ! de Russ Meyer. Il en reprend les trois pétroleuses vachardes (deux brunes, une blonde), doublées de serial-killeuses tatouées.

Non sans avoir saigné deux automobilistes, Beretta, Blondie et Snowball débarquent donc dans un minuscule village de pêcheurs. Au programme du repos des guerrières : défonce, bière, rock’n roll et baignade. L’occasion pour le réalisateur de montrer qu’il connaît bien ses classiques : l’une de ses garces porte le même bikini que la pin-up Betty Page dans les années 50. Naturellement, les tueuses auraient dû déguerpir au plus vite, un vieux paralytique les ayant averties de la menace. Et quel danger ! Une créature tentaculaire apparentée au Kraken de la mythologie… Lequel monstre assiège bientôt les survivants (deux des vilaines, le vieux et sa fille) reclus dans une cabane. Le climax d’un spectacle qui ne perd guère de temps en palabres, le film ne durant que le strict nécessaire : une heure quinze, générique de fin compris. Précisément comme les Roger Corman auxquels il se réfère. Le minutage d’un puriste.

Un Kraken old school

Autre preuve de l’orthodoxie de Stuart Simpson : des effets spéciaux rustiques. Plutôt que le très pratique tout numérique, désormais accessible à tous (y compris aux plus fauchés), il opte pour des trucages à l’ancienne, du caoutchouc, du latex, une petite équipe d’opérateurs pour les tentacules du Kraken… Un brin anachronique, mais encore assez efficace, pas si mal fait pour un projet dont le budget ne doit pas excéder les 100.000 $. Une somme pour l’essentiel visiblement investie dans la créature des profondeurs et quelques mignardises horrifiques, elles aussi sur le mode vintage. Pur exercice de style construit sur l’autel d’une cinéphilie fervente, Monstro ! aurait cependant gagné à des personnages moins stéréotypés, incarnés par des comédiennes plus douées. Celles-ci sont carrément catastrophiques à imiter le jeu de Tura Satana et autres interprètes sévèrement bustées de Russ Meyer. Deux bonnets au-dessous, elles n’altèrent cependant pas le plaisir passablement coupable qu’on peut prendre à ce drôle de petit film qui ne peut vraiment fonctionner qu’auprès d’un public de connaisseurs. Les seuls aptes à beaucoup lui pardonner.

 

© Marc Toullec

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