HARDWARE (1990)

Un premier long-métrage exemplaire qui confronte une jeune femme et un robot indestructible dans un oppressant huis-clos futuriste

HARDWARE

1990 – GB

Réalisé par Richard Stanley

Avec Stacey Travis, Dylan McDermott, John Lynch, William Hootkins, Mark Northover, Iggy Pop, Carl McCoy, Paul McKenzie

THEMA FUTUR I ROBOTS

Armé d’un budget modeste d’un million et demi de dollars, d’un sens artistique extrêmement développé et d’une détermination imparable, le réalisateur Richard Stanley s’est lancé à corps perdu dans Hardware, un premier long-métrage bourré d’énergie, d’idées visuelles et de morceaux d’anthologie. Certes, le scénario se résume en quelques lignes, les personnages sont caractérisés à gros traits et la double influence de Terminator et Blade Runner transpire dans de nombreuses séquences. Pourtant, Hardware revendique une singularité qui semble n’appartenir qu’à lui. Objet de culte auprès de nombreux amateurs de science-fiction, ce film marque aussi une rupture nette entre les années 80 et les années 90, empruntant à chaque décennie ses effets de style pour mieux les fusionner. En ce sens, sa valeur historique n’est pas négligeable.

Nous sommes sur la Terre du futur, ravagée par un cataclysme qui l’a muée en désert jonché de débris, derniers témoins d’une civilisation qui s’est progressivement effondrée. Les radiations nimbent les cieux d’envahissantes nuées écarlates, et les cités qui tiennent encore debout se hérissent d’immeubles high-tech où squattent tous les rebuts d’une société défunte. Chacun gagne sa vie comme il peut, et le troc va bon train. C’est ainsi que la carcasse rouillée d’un robot enfouie dans le sable d’une dune déserte est ramenée en ville par un nomade soucieux d’en tirer quelques billets de banque. Moses (Dylan McDermott, future star de la série The Practice), ancien soldat en retraite anticipée, rachète quelques pièces de la machine pour les offrir à sa petite amie Jill (Stacey Travis), qui occupe ses journées à sculpter des œuvres originales à grands coups de fer à souder. La jeune fille est ravie, mais le cadeau est empoisonné. Car ce robot en pièces détachées est un prototype de l’armée abandonné à cause de son manque de fiabilité. Il s’agit du Mark-13, une machine redoutable et autonome capable de se recharger sur n’importe quelle source d’énergie et de muer chacun de ses six membres préhensibles en arme polyvalente. Entre le monstre mécanique et la jeune femme désarmée, un duel redoutable se prépare…

Les robots ne meurent jamais…

Les ombres de James Cameron et de Ridley Scott s’estompent peu à peu grâce à la personnalité forte de Richard Stanley, à ses effets de montage surprenants hérités du clip musical, à la photographie rouge qui inonde chaque image, à une direction artistique dont le futurisme recyclé évoque parfois les univers de George Miller et Terry Gilliam, à une partition synthétique enivrante signée Simon Boswell. Il faut également saluer le remarquable travail de l’atelier d’effets spéciaux Image Animation dont les marionnettistes manipulèrent directement sur le plateau les mouvements complexes du Mark-13. La morphologie exacte de cet androïde s’appréhende difficilement, mais les ustensiles tranchants et perforants qu’il emploie à l’encontre de ses victimes humaines véhiculent un sentiment permanent d’anxiété, que couronnent parfois quelques morts sanglantes assez gratinées. Lors de son passage au mythique festival du film fantastique d’Avoriaz en 1991, Hardware remporta d’ailleurs le prix des meilleurs effets spéciaux.

 

© Gilles Penso

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