LA GUERRE DES MONDES (1953)

Une adaptation libre du roman de H.G. Wells produite par George Pal et adaptée aux codes de la science-fiction des années 50

WAR OF THE WORLDS

1953 – USA

Réalisé par Byron Haskin

Avec Gene Barry, Anne Robinson, Les Tremayne, Bob Cornthwaite, Sandro Giglio, Housely Stevenson Jr, Lewis Martin

THEMA EXTRA-TERRESTRES

Le célèbre roman de H.G. Wells racontait en 1898 l’une des invasions extra-terrestres les plus inquiétantes et les plus dévastatrices jamais imaginées, et Orson Welles y puisa un inoubliable canular radiophonique sur CBS le 20 octobre 1938. Les années 50 étant propices à toutes les rencontres du troisième type, le cinéma s’empara à son tour du récit, sous l’égide du producteur George Pal, déjà instigateur de Destination Lune et Le Choc des mondes. A l’initiative du scénariste Barry Lyndon, le roman a été réactualisé et transposé de l’Angleterre victorienne à l’Amérique des années 50. Dans le même souci de modernisation, les machines de guerre martiennes décrites par l’écrivain, des tripodes marcheurs qui ont probablement servi d’inspiration aux Walkers de L’Empire contre-attaque, ont été remplacés par des ovnis en forme de boomerangs surmontés de périscopes aux allures de réverbères.

Ces maquettes impressionnantes, qui engloutirent 70% du budget du film (estimé à deux millions de dollars) et valurent à son équipe l’Oscar des effets spéciaux, évoluent dans de magnifiques décors miniatures. Et si les câbles qui les soutiennent sont souvent visibles à l’écran, chacune de leur intervention demeure extrêmement spectaculaire. La toute première apparition des vaisseaux est déjà très marquante : on n’en voit d’abord que la partie supérieure, ondulant comme un serpent à sonnettes et émergeant d’une météorite, puis désintégrant une poignée d’hommes qui tentaient de communiquer avec les visiteurs, drapeau blanc à la main. Le récit se concentre dès lors sur les investigations du docteur Clayton Forrester (Gene Barry), et sur son idylle naissante avec la ravissante Sylvia Van Buren (Ann Robinson).

Insensibles à la bombe atomique

Les séquences de destruction qui s’ensuivent figurent parmi les plus spectaculaires jamais montrées jusqu’alors sur un écran de cinéma, et préfigurent les excès pyrotechniques vers lesquels allaient pencher les films catastrophes des années 70. Moins convaincants sont les Martiens eux-mêmes, dont un représentant fait une apparition choc dans une ferme muée en refuge, ce qui a pour conséquence de faire s’époumoner la belle héroïne. Ces créatures en latex aux longs bras se terminant en ventouses et à l’œil unique tricolore auraient gagné à rester dans l’ombre ou à bénéficier d’effets spéciaux plus élaborés. Et lorsqu’on sait que Ray Harryhausen envisageait de réaliser lui-même sa propre version du roman de Wells, on se prend à rêver aux cauchemardesques aliens auxquels nous aurions pu avoir droit. Toujours dans le but d’actualiser le propos, la bombe atomique fait son apparition dans le film, mais elle s’avère bien incapable d’éradiquer des envahisseurs décidément très coriaces. Finalement, deus ex-machina, ce sont les bactéries de notre planète qui viennent à bout de la menace martienne, au cours d’un dénouement un peu abrupt souligné par une voix-off un tantinet sentencieuse. Très satisfaits du film, les ayant droits de Wells donnèrent carte blanche à George Pal pour l’adaptation d’un autre roman de l’écrivain, d’où la mise en chantier quelques années plus tard de La Machine à explorer le temps.

 

© Gilles Penso

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