LE HOBBIT : UN VOYAGE INATTENDU (2012)

Après l'aventure épique du Seigneur des Anneaux, Peter Jackson entame une nouvelle trilogie qui revient aux sources du mythe

THE HOBBIT : AN UNEXPECTED JOURNEY

2012 – NOUVELLE-ZELANDE / USA

Réalisé par Peter Jackson

Avec Martin Freeman, Ian McKellen, Richard Armitage, Ken Stott, Graham McTavish, William Kircher, James Nesbitt

THEMA HEROIC FANTASY I DRAGONS I SAGA LE SEIGNEUR DES ANNEAUX

L’idée de tirer une trilogie cinématographique de «Bilbo le Hobbit», première incursion littéraire de J.R.R. Tolkien en Terre du Milieu, peut sembler disproportionnée. Mais Peter Jackson et ses fidèles coscénaristes Fran Walsh et Philippa Boyens ne se sont pas contentés de porter à l’écran ce roman initiatique. Pour nourrir le récit et enrichir son univers, le trio (accompagné de Guillermo del Toro) a savamment décortiqué les 120 pages d’annexes rédigées par l’écrivain en complément du « Retour du Roi », s’armant du même coup d’un matériau littéraire dense et complexe. Pendant longtemps, il fut question que Del Toro réalise The Hobbit, mais les délais de préparation interminables finirent par le décourager et c’est Jackson qui prit le taureau par les cornes pour s’atteler lui-même à la tâche. La cohérence entre la saga du Seigneur des Anneaux et cette préquelle n’en est que plus grande, même si l’on demeure curieux sur les apports artistiques qu’aurait pu y insuffler l’auteur du Labyrinthe de Pan. Le film nous décrit la quête de treize nains soucieux de reconquérir le royaume d’Erebor suite à l’assaut du redoutable dragon Smaug qui les mua en peuple sans terre. Avec l’aide du magicien Gandalf, ils requièrent l’aide du hobbit Biblon Sacquet, pourtant peu enclin à l’aventure. Cette expédition hétéroclite, menée par le valeureux guerrier Thorin Ecu-de-Chêne, s’apprête à braver des périls inimaginables…

Après un prologue apocalyptique au cours duquel se déchaine la furie incandescente du légendaire Smaug, Peter Jackson adopte une narration en crescendo, établissant progressivement le caractère de ses quinze personnages principaux (ce qui n’est pas en soi une mince affaire) avant de les plonger au cœur de la tourmente. Lorsque surviennent les scènes d’action, le savoir-faire impressionnant du cinéaste se met en route avec un sens de la frénésie, de l’innovation, de la démesure et de la précision qui semblent n’appartenir qu’à lui. Le combat des géants de pierre, l’assaut souterrain des milliers de gobelins ou la bataille contre les orcs sont de nouveaux moments d’anthologies qui s’ajoutent à une saga déjà chargée en morceaux de bravoure.

Un équilibre très instable

Conçues sur le mode du déséquilibre perpétuel, ces échauffourées titanesques et inédites donnent le vertige et coupent le souffle. La réorganisation permanente de la topographie (montagnes qui s’effondrent, ponts suspendus qui se détachent, arbres qui se déracinent) provoque un sentiment de danger croissant et tangible, que la technologie 3D accentue sans pour autant s’avouer indispensable. Car Jackson manie si bien le relief (comme le prouvait déjà King Kong) que le recours à la stéréoscopie semble finalement superflu. Une cohorte de nouvelles créatures vient agrémenter le métrage, tandis que quelques visages familiers (Ian McKellen, Hugo Weaving, Cate Blanchett, Christopher Lee, Ian Holm, Elijah Wood) assurent le lien avec la trilogie que nous connaissons déjà. Cerise sur le gâteau, la symphonie composée par Howard Shore fusionne les anciens thèmes avec de nouveaux motifs (celui des nains est un petit bijou) et parachève en beauté ce spectacle inoubliable.

 

© Gilles Penso

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