LE MONDE DE NARNIA : L’ODYSSÉE DU PASSEUR D’AURORE (2010)

La trilogie cinématographique du Monde de Narnia se clôt sur ce film anecdotique mais paré de jolies séquences fantasmagoriques

THE CHRONICLES OF NARNIA : THE VOYAGE OF THE DAWN TREADER

2010 – USA / GB

Réalisé par Michael Apted

Avec Georgie Henley, Skandar Keynes, Ben Barnes, Will Poulter, Gary Sweet, Terry Norris, Bruce Spence, Billie Brown

THEMA CONTES I HEROIC FANTASY I MYTHOLOGIE I DRAGONS I SAGA LES CHRONIQUES DE NARNIA

Malgré un accueil public et critique plutôt positif, Le Prince Caspian, second volet cinématographique de la saga Narnia, se comporta modestement au box-office, entraînant le retrait d’un studio Disney avide de recettes plus confortables. Walden Media se retrouve donc seul à la tête de ce troisième opus, qui respecte dans les grandes lignes le cahier des charges de ses prédécesseurs : la légitimité des romans de C.S. Lewis, de jeunes aventuriers affrontant l’adversité sous toutes ses formes, des créatures fantastiques, de la magie à foison et une quête initiatique. Le récit prend place comme toujours en pleine guerre, dans notre monde. Edmund et Lucy Pevensie, une fois de plus, se languissent de leurs fantastiques aventures. Aussitôt, un tableau représentant un navire isolé en plein océan se met à s’animer et à les projeter, en compagnie de leur détestable cousin Eustache, dans le royaume de Narnia. Là, ils rejoignent Caspian, devenu roi, ainsi que la souris guerrière Ripitchip à bord du majestueux drakkar « Le Passeur d’Aurore ». En mettant le cap sur les îles mystérieuses de l’Est, ils partent à la recherche de sept épées légendaires et s’apprêtent à lutter contre leurs propres démons…

Finalement, toute cette Odyssée du Passeur d’Aurore (un très joli titre au demeurant) est à l’image de la scène du tableau vivant entraînant les protagonistes dans la fantaisie de Narnia : une merveille visuelle dont l’impeccable cosmétique ne dissimule guère les scories d’un scénario paresseux utilisant la magie comme solution idéale à tous les problèmes. Nos héros s’ennuient ? Hop, un tour de magie et les revoilà à Narnia. Ils ignorent la teneur de leur mission future ? Qu’à cela ne tienne : un magicien surgit au bon moment dans son palais invisible pour leur expliquer en détail l’objet de leur quête et les dangers qu’ils devront affronter. Tout le film est à l’avenant. Les solutions n’étant jamais initiées par les personnages mais offertes par une multitude de « deus ex-machina » externes, tout enjeu dramatique digne de ce nom s’estompe aussitôt. Témoin l’apparition en guest star du lion Aslan qui, après avoir longtemps joué l’Arlésienne, intervient finalement pour dénouer les fils de l’intrigue d’un coup de baguette – ou plutôt de museau – magique.

Les dangers de la tentation

La thématique majeure du récit, centrée autour des dangers de la tentation, est elle-même très édulcorée, car en lieu et place des combats annoncés contre les désirs les plus inavouables, on découvre un banquet, un trésor et quelques fantômes féminins évanescents… En termes de tentation, on a connu moins sage. Restent bien sûr de magnifiques séquences d’effets spéciaux, jouant la carte du cocasse (les nains monopodes provisoirement invisibles), du surréalisme majestueux (les vagues en suspension qui marquent l’entrée dans le territoire d’Aslan), ou marchant sur les prestigieuses traces de Ray Harryhausen. En ce sens, le beau dragon récalcitrant qui surgit en milieu de métrage, ou le titanesque serpent de mer auquel se heurte l’équipage du Passeur d’Aurore en plein climax, valent assurément le détour. Mais c’est loin de suffire pour rendre le film inoubliable.

 

© Gilles Penso

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