LE RETOUR DU JEDI (1983)

La première trilogie Star Wars se clôt sur une note épique, alternant des moments d'action joyeusement mouvementés et un climax d'une profonde noirceur

RETURN OF THE JEDI

1983 – USA

Réalisé par Richard Marquand

Avec Mark Hamill, Harrison Ford, Carrie Fisher, David Prowse, Ian McDiarmid, Anthony Daniels, Kenny Baker, Billy Dee Williams

THEMA SPACE OPERA I ROBOTS I SAGA STAR WARS

L’Empire contre-attaque s’achevait sur une note sombre et pessimiste : la défaite de l’alliance face au redoutable Empire, l’arrestation et la congélation de Han Solo, la perte d’une main et de beaucoup d’illusions pour Luke Skywalker… Ce troisième opus prend donc le relais en démarrant sur Tatooine, l’aride et inhospitalière planète où le monstrueux Jabba, aux allures de limace géante et lubrique, détient Solo comme un trophée. C3PO, R2D2, Chewbacca, Leïa, Lando et Luke s’infiltrent un à un dans le palais de Jabba, et mettent en place un plan d’évasion spectaculaire qui permet au film de démarrer sur des chapeaux de roue. Il faut ensuite passer aux choses sérieuses et affronter à nouveau l’Empire, qui n’a pas perdu de temps et s’est mis à construire une nouvelle Etoile Noire.

Une fois de plus, George Lucas et son réalisateur (cette fois Richard Marquand, après le désistement de David Lynch peu enclin à entrer dans un univers déjà formaté) rivalisent d’ingéniosité pour concocter des séquences d’action inédites, notamment une ébouriffante course dans la forêt sur des motos volantes, un affrontement entre les rebelles et de gigantesques robots bipèdes, ou encore une séquence de bataille spatiale à couper le souffle où des cinquantaines de vaisseaux voltigent simultanément en tous sens. Plus encore que les deux films précédents, Le Retour du Jedi paie son tribut au « Seigneur des Anneaux », calquant son titre sur celui du troisième tome de l’œuvre de J.R.R. Tolkien, « Le Retour du Roi », et développant jusqu’au paroxysme le concept du côté obscur de la Force, que le célèbre écrivain sud-africain avait matérialisé avec le fameux anneau de Bilbo et Frodon.

Le côté obscur de la Force

Ce concept nous vaut un affrontement final avec Dark Vador et l’Empereur (terrifiante entité du mal magnifiquement interprétée par Ian McDiarmid) qui constitue le moment le plus sombre, le plus tendu et le plus éprouvant de la saga tout entière. Luke Skywalker atteint d’ailleurs ici sa maturité, en tant qu’homme et que chevalier Jedi, et cette évolution trouve une correspondance vestimentaire dans sa tenue, noire comme celle de son père. Il est bien loin, le fermier blond au regard innocent et à la chemise blanche immaculée… Pour contrebalancer un peu cette noirceur, et pour répondre en même temps à l’attente d’un public plus jeune, Lucas a cédé à la tentation de l’accumulation de créatures burlesques qu’on croirait presque issues du « Muppet Show ». C’est notamment le cas de la cour caoutchouteuse de Jabba, quasi-remake du Cantina Bar de La Guerre des étoiles, et des Ewoks, contreparties miniatures et mignonnettes du grand Chewbacca (Ewok inversé donne Wookie). Le film s’achève sur un happy-end touchant et un brin mélancolique, où Luke revoit sous forme fantômatique les Jedis morts qui ont tant compté dans sa vie. Hélas, ce final émouvant sera massacré par les remontages successifs que Lucas opèrera en 1997 et en 2004, respectivement pour l’édition spéciale et la sortie en DVD. Des trucages numériques incongrus s’y insèrent maladroitement et une musique ethnique de supermarché y remplace la magnifique partition de John Williams.

 

© Gilles Penso

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