LE VOYAGE FANTASTIQUE DE SINBAD (1973)

Les tours de magie de Ray Harryhausen, le charme fou de John Philip Law et Caroline Munro, la mise en scène inspirée de Gordon Hessler… Un régal !

THE GOLDEN VOYAGE OF SINBAD

1973 – GB

Réalisé par Gordon Hessler

Avec John Philip Law, Caroline Munro, Tom Baker, Douglas Wilmer, Martin Shaw, Grégoire Aslan, Kurt Christian, Takis Emmanuel

THEMA MILLE ET UNE NUITS

Après plusieurs échecs au box-office, Charles Schneer vit sa crédibilité de producteur quelque peu ébranlée. Alors, d’un commun accord avec le maître des effets spéciaux Ray Harryhausen, il retourna dans l’univers qui fut le plus propice à leur duo : les Mille et Une Nuits. Le capitaine Sinbad est donc de retour, aidant le Grand Vizir à résister au magicien Koura, et l’emmenant sur son navire jusqu’à Lémuria où se trouve la Fontaine de Vie. Au fil d’un voyage semé d’embûches, Koura lance à leurs trousses plus d’une créature monstrueuse. Mais chaque fois qu’il utilise ses pouvoirs, le sorcier vieillit. La Fontaine de Vie est donc son principal objet de convoitise… L’ambiance de cette aventure est bien plus sombre que celle du somptueux 7ème voyage de Sinbad. Le casting s’en ressent, dominé par le jeu convaincant de John Philip Law et Tom Baker, moins hauts en couleurs que Kerwin Mathews et Torin Thatcher, mais mieux adaptés à cette version plus souterraine des Mille et Une Nuits. Quant à la toute belle Caroline Munro, dont la présence ensorcelante capte immédiatement les regards, son charme ingénu s’étale avec un peu moins de pudeur que celui de la gracieuse Kathryn Grant. « Je n’ai évidemment jamais joué face à des créatures de dix mètres de haut », raconte la belle Caroline. « En revanche, nous devions regarder un bâton qu’un accessoiriste déplaçait pour guider notre regard. J’avais également accès avant chaque prise aux extraordinaires storyboards de Ray, et je dois dire que son travail préparatoire était très impressionnant. Cet homme est un génie, vraiment ! » (1).

Des scènes d’animation magnifiques parcourent en effet ce film. La première créature à faire son apparition est un petit homuncule volant, mi-Harpie, mi-Ymir. On note aussi une figure de proue, réminiscence de Talos, sublimement animée et incrustée, ainsi qu’un centaure, initialement prévu pour Jason et les Argonautes, qui s’engage dans un violent combat avec un griffon. « Il n’est jamais facile de concevoir un animal composite, comme le centaure ou le griffon, car ils possèdent des éléments anatomiques qui, à l’origine, ne concordent pas ensemble », nous expliquait Harryhausen. « Il suffit d’une erreur de proportion pour basculer dans le grotesque. » (2)

La danse de Kali

Mais le vrai morceau d’anthologie de ce second Sinbad, doublé d’une prouesse technique, est l’inoubliable danse de Kali, suivie d’un combat contre les héros. « La séquence doit durer moins de cinq minutes, mais il m’a fallu à peu près deux mois pour la réaliser » (3), nous explique Harryhausen. On peut regretter que les monstres soient ici moins gigantesques qu’à l’accoutumée, et préfèrent surgir la nuit et dans des endroits clos plutôt que sur de vastes étendues, comme sur la plage du premier Sinbad. Succédant à Bernard Herrmann, Miklos Rosza, qui avait su créer une magnifique partition arabisante pour Le Voleur de Bagdad, se plongea à nouveau dans les mélodies orientales. Le Voyage Fantastique de Sinbad fut un gigantesque succès public dès sa sortie, à tel point que Le 7ème voyage de Sinbad goûta aux faveurs d’une ressortie et qu’un troisième épisode fut mis en chantier.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en juin 2010. (2) et (3) Propos recueillis en février 2004.

 

© Gilles Penso

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