LES MONSTRES DE L’ESPACE (1967)

La troisième aventure cinématographique du professeur Quatermass nous ramène aux origines de l'humanité… et du Mal

QUATERMASS AND THE PIT

1967 – GB

Réalisé par Roy Ward Baker

Avec Andrew Keir, Barbara Shelley, James Donald, Julian Glover, Duncan Lamont, Bryan Marshall, Peter Copley 

THEMA EXTRA-TERRESTRES I DIABLE ET DEMONS

Troisième long-métrage consacré aux aventures du professeur Bernard Quatermass après Le Monstre et La MarqueLes Monstres de l’Espace est probablement le plus marquant de la série, grâce à son scénario d’une étonnante audace. Le film se démarque d’ailleurs de ses deux prédécesseurs par un changement de casting, par un nouveau metteur en scène, et par le passage à la couleur. Roy Ward Baker prend donc la relève de Val Guest derrière la caméra, et Andrew Keir se substitue à Brian Donlevy dans le rôle de Quatermass. Nous sommes à Londres. Alors qu’ils travaillent au prolongement d’une ligne de métro, à la station Hobbs End, des ouvriers mettent à jour d’étranges squelettes. Dépêché sur place, le docteur Mathew Roney, éminent paléontologue, identifie et date les ossements. Il s’agit, selon lui, d’hommes-singes vieux de cinq millions d’années. A proximité des fossiles, on découvre un énorme engin que l’armée pense être une bombe de fabrication allemande datant de la seconde guerre mondiale. Mais Quatermass, venu prêter main forte à Roney, pense plutôt à un vaisseau spatial. Insensible aux chalumeaux et aux perceuses les plus puissantes, l’engin finit par s’ouvrir seul, révélant d’étranges habitants : des arthropodes aux allures de sauterelles, grands comme des hommes…

Quatermass en déduit une inquiétante théorie : ces fossiles seraient ceux de Martiens venus coloniser notre planète à l’époque préhistorique. Leur faciès inquiétant, leurs yeux globuleux et leurs cornes semblent d’ailleurs inscrits dans l’inconscient collectif comme l’imagerie traditionnelle du Diable. Et si la religion, la superstition et les pouvoirs paranormaux trouvaient leur origine sur Mars ? Et si les humains n’étaient que des créatures hybrides conçues par les Martiens eux-mêmes il y a cinq millions d’années ? Tandis que Quatermass tente de convaincre le gouvernement du bien-fondé de cette étrange thèse, l’engin émet des vibrations, provoquant une série de phénomènes mystérieux et semant un vent de panique dans les rues de Londres. Difficile de ne pas être captivé par ce récit de science-fiction ébranlant toutes les croyances religieuses.

Le Diable vient-il de Mars ?

L’interprétation impeccable du trio Andrew Kerr (l’imperturbable Quatermass), James Donald (l’exalté Roney) et Barbara Shelley (l’impressionnable Miss Judd) et la mise en scène ciselée de Roy Ward Baker participent de l’efficacité redoutable du film, d’autant que la majeure partie du métrage est construite autour de dialogues en huis-clos. Et même si certains effets spéciaux trahissent le petit budget dont ont bénéficié les studios Hammer (le look des fossiles martiens, les visions de la planète Mars), la plupart des séquences d’action sont menées de main de maître, notamment la folie destructrice qui s’empare de la ville à la fin du film, au beau milieu d’un tourbillon d’objets en apesanteur, de façades d’immeubles qui s’écroulent et d’humains qui s’entretuent sauvagement. Le film marqua les mémoires du public et des cinéphiles, notamment celles de John Carpenter qui en réalisa presque un remake avec Prince des Ténèbres, et qui réutilisa le nom d’Hobbs End pour L’Antre de la folie.

© Gilles Penso

Partagez cet article