MOTHER’S DAY (1980)

Un slasher délirant et bourré d'humour noir réalisé par Charles Kaufman, le frère du fondateur de la compagnie Troma

MOTHER’S DAY

1980 – USA

Réalisé par Charles Kaufman

Avec Holden McGuire, Billy Ray McQuade, Rose Ross, Nancy Hendrickson, Deborah Luce, Tiana Pierce 

THEMA TUEURS

Frère de Lloyd Kaufman, le fameux patron de la compagnie Troma, Charles Kaufman signait avec Mother’s Day un slasher atypique, à une époque où Michael Myers et Jason Voorhees commençaient déjà à faire de nombreux émules. Le prologue du film est un excellent faux départ. Au cours d’un séminaire sur l’amour de son prochain, un couple de hippies se fait raccompagner en voiture par une sympathique octogénaire. Visiblement, ils s’apprêtent à la tuer et à la rançonner. Mais soudain, deux hommes surgissent des  bois, décapitent le garçon et s’apprêtent à violer la fille. Ces deux psychopathes habillés à la mode  Mad Max sont les fils de la vénérable vieille dame, qui étrangle elle-même la fille en ricanant ! C’est ainsi que démarre Mother’s Day (sous-titré « Bonne Fête Maman ! » sur les posters français).

Après le générique, nous faisons connaissance avec trois jeunes femmes, anciennes camarades de chambre, qui se retrouvent pour leur réunion annuelle. Elles s’enfoncent en voiture dans la cambrousse, jusque dans les bois de Deep Barons. Les blagues potaches vont bon train, et l’on s’attend à voir surgir les deux tueurs à tout instant. Ils débarquent pourtant au moment où on s’y attend le moins, emportant les filles dans leur sac de couchage jusque dans leur maison perdue au milieu des bois. Ike et Addley – tels sont leurs noms – s’adonnent à des jeux stupides sous la direction de leur vieille mère. Sauf que les divertissements de ces garnements attardés n’ont rien à voir avec « un deux trois soleil » ou la chaise musicale. Leur activité principale consiste en effet à violer et assassiner les filles qu’ils attrapent dans la forêt.

Une critique de la société de consommation ?

Au milieu de leurs jouets Star Trek et de leurs boîtes de céréales Sesame Street, ils conservent des têtes décapitées dans des cages d’oiseaux ou des cadavres ensanglantés accrochés à leur penderie. On détecte ainsi en filigrane une critique de la société de consommation et de l’abrutissement généré par une exposition prolongée aux émissions télévisées. Mother’s Day se réfère également aux codes du conte de fée traditionnel, la matronne correspondant à un « méchant » archétypal chez Grimm et Perrault, et les cannettes éparpillées sur le chemin remplaçant les cailloux du « Petit Poucet ». Il est d’ailleurs question, dans les racontars de la vieille mère, d’une tante maléfique, censée être morte, qui errerait dans les bois, assoiffée de vengeance. La dernière partie du film prend la tournure d’un « revenge movie », variation exubérante sur les thèmes des premières œuvres de Wes Craven.Car après la mort d’une des filles, les deux autres décident de prendre une revanche franchement gratinée : gorge transpercée par une aiguille, marteau planté dans les testicules, étouffement, jet d’acide, massacre au couteau électrique et, fin du fin, tête enfoncée dans un téléviseur encore allumé ! Tourné avec un ridicule budget de 115 000 dollars, Mother’s Day n’a certes rien d’un chef d’œuvre. L’intrigue y est souvent incohérente, la photographie pas vraiment folichonne, la musique carrément inaudible… Mais le film tire son épingle du jeu grâce à son humour, son originalité, son manque de complexe et ce plan final assez réjouissant.

 

© Gilles Penso

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