NO ONE LIVES (2012)

Des gangsters minables en quête d'un coup fumant vont tomber sur un imprévu qui s'apprête à transformer leur vie en enfer

NO ONE LIVES

2012 – USA

Réalisé par Ryuhei Kitamura

Avec Luke Evans, Adelaide Clemens, America Olivo, Derek Magyar, Beau Krapp, Lee Tergesen

THEMA TUEURS

Une ribambelle de gangsters à la petite semaine recherche le coup qui pourra leur remplir les poches durablement. D’autant que leur dernière petite magouille (le cambriolage d’une baraque cossue) vient de tourner en eau de boudin, laissant quelques pauvres innocents sur le carreau. Dès lors, le tocard du groupe prend les choses en main et réussit un coup de maître en kidnappant un touriste et sa compagne, croisés dans un resto du coin. Alors qu’il vide la voiture de sa victime dans le but d’en revendre les pièces détachées, il constate qu’elle contient, dans le coffre, un faux fond derrière lequel se trouve une jeune femme. La proie va s’avérer être le plus terrible des prédateurs, un tueur sadique et invincible. Les vannes sont ouvertes, le bain de sang peut commencer…

A n’en point douter, ce qui aura séduit le japonais Ryuhei Kitamura dans ce projet est une nouvelle possibilité de modeler à sa façon une icône, en l’occurrence l’impitoyable “Driver” dont le patronyme évoque celui du “Hitcher” de Robert Harmon. Les deux œuvres partagent d’ailleurs une ambiance très poisseuse, un scénario rempli de rebondissements (pas toujours très heureux pour l’heure) et un impitoyable serial killer décimant, avec une étourdissante habileté, le moindre petit caillou traînant sur son itinéraire. Succédant à Tak Sakaguchi (l’ultime guerrier à la lame affûtée de Versus) et au monolithique Vinnie Jones plutôt adroit dans le maniement du maillet (The Midnight Meat Train), Luke Evans troque les frusques mythologiques d’Apollon et Zeus pour la dégaine d’un monstre assoiffé de sang, adepte des mises en scène macabres et particulièrement ingénieux dans l’utilisation d’un arsenal de fortune (un moteur, une paire de menottes suffisent à alimenter cette machine à tuer).

La chasse vire au carnage

Mais au moment où le raisiné s’écoule en flots et que le jeu de chasse vire au carnage, No one Lives révèle sa plus grosse faiblesse : un script qui, malgré une construction plutôt maligne dans son premier tiers, s’avère incapable de tailler une carrure à ses personnages secondaires (si ce n’est la belle Adelaïde Clemens), simples chairs à canon destinées au dézingage en règle de l’équarrisseur Evans. Dès lors, le show ne repose plus que sur les épaules du meurtrier qui, pour renforcer son sadisme, emprunte les tics du Mister Blonde de Reservoir Dogs, reprend à son compte une tactique d’Hannibal Lecter et affole les papilles des cinéphiles avec une scène de meurtre sous la douche lorgnant davantage vers le cinéma de Brian De Palma que vers celui de Alfred Hitchcock. No one lives se situe qualitativement bien en-deçà de l’adaptation de la nouvelle de Clive Barker, mais se révèle être un honnête direct-to-video généreux en débordements gore et plutôt habile dans l’édification d’une nouvelle machine à tuer. On regrettera cependant que certaines idées n’aient pas été menées à terme (les cicatrices que portent les préférées du tueur) ainsi qu’un humour noir assez pataud… 

 

© Damien Taymans 

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