PERMIS DE TUER (1988)

Timothy Dalton confirme qu'il est l'interprète idéal de James Bond dans cet épisode violent sous l'influence de Piège de cristal et L'Arme fatale

LICENCE TO KILL

1988 – GB

Réalisé par John Glen

Avec Timothy Dalton, Robert Davi, Carey Lowell, Talisa Soto, David Hedison, Benicio del Toro, Anthony Zerbe, Everett McGill 

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION I SAGA JAMES BOND

Si Tuer n’est pas jouer était un épisode de transition, Permis de tuer joue ouvertement la carte du changement et de la modernisation. Les nostalgiques ne trouvèrent donc pas leur compte dans cette œuvre brutale trop éloignée à leur goût des gimmicks habituels de la série, mais nombreux sont ceux qui considèrent encore aujourd’hui Permis de tuer comme l’un des meilleurs James Bond, toutes périodes confondues. Au cours du pré-générique, 007 est en congé en Floride où il assiste au mariage de son ami Felix Leiter (David Hedison, reprenant le rôle qu’il tenait déjà dans Vivre et laisser mourir), chef du bureau des narcotiques. Avertis du passage du plus important trafiquant de drogue d’Amérique centrale, ils réussissent à le capturer : il s’agit de Franz Sanchez (Robert Davi, agent du FBI peu recommandable dans Piège de cristal).

Mais Sanchez réussit à s’échapper et en profite pour tuer la femme de Felix, tout en laissant ce dernier en pâture à un requin qui le dévore presque (une séquence sans concession fidèlement reprise au roman « Vivre et Laisser Mourir »). Dès lors, avec l’aide de Lupa Lamora (Talisa Soto), amie de Sanchez, et de l’agent Pam Bouvier (Carey Lowell), Bond décide de s’introduire dans l’organisation du trafiquant pour la détruire. Sa vendetta personnelle n’est pas du goût de M, mais James Bond n’en a cure et décide d’agir en solo, coupé du soutien du MI6. C’est donc un 007 rebelle, à fleur de peau et ivre de vengeance que nous propose Permis de tuer, à mille lieues de l’invincibilité d’un Sean Connery et du cynisme détendu d’un Roger Moore. Timothy Dalton incarne à merveille ce James Bond new age, troquant volontiers le smoking contre la chemise ouverte et terminant le film dans un bien piteux état, couvert de sang, de sueur, blessé physiquement et psychologiquement…

La fin d'une époque

Ce changement de ton a de toute évidence subi l’influence des films produits par Joel Silver, notamment Piège de cristal et L’Arme fatale qui ne rechignaient pas devant la violence et préféraient les anti-héros aux icônes triomphants et manichéens. D’où le choix du compositeur Michael Kamen, fer de lance musical de cette nouvelle vague du cinéma d’action. La quête du réalisme n’empêche tout de même pas Permis de tuer de se laisser aller aux excès spectaculaires au cours de son final, nous proposant la traditionnelle destruction du repaire du méchant (ici le temple d’une secte dirigée par un télévangéliste) puis un ultime festival de cascades automobiles signée Rémy Julienne lorsque James Bond et Pam Bouvier prennent d’assaut un convoi de quatre semi-remorques. « Après le tournage de séquences de ce type, toute l’équipe souffle un grand coup ! », avoue Julienne. « C’est une telle responsabilité… » (1) A plus d’un titre, Permis de tuer marque la fin d’une époque. Ce sera en effet le dernier film de la série réalisé par John Glen, écrit par Richard Maibaum et produit par Albert Broccoli. Timothy Dalton lui-même aurait bien réitéré l’expérience, mais de complexes problèmes juridiques empêchèrent la production d’un nouveau film pendant six longues années. Entre-temps, le talentueux comédien se consacra à d’autres expériences cinématographiques et théâtrales.

 

(1) Propos recueillis par votre serviteur en février 1998

© Gilles Penso

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