TUER N’EST PAS JOUER (1987)

Timothy Dalton prend la relève de Roger Moore et impose une vision plus dure et plus réaliste de l'agent 007

THE LIVING DAYLIGHTS

1987 – GB

Réalisé par John Glen

Avec Timothy Dalton, Maryam d’Abo, Joe Don Baker, Art malik, John Rhys-Davies, Jeroen Krabbe, Andreas Wisniewski

THEMA ESPIONNAGE ET SCIENCE-FICTION I SAGA JAMES BOND

Qui allait bien pouvoir remplacer Roger Moore dans le rôle de James Bond ? Voilà une question qui fit couler beaucoup d’encre. Le premier choix d’Albert Broccoli était Pierce Brosnan, mais ce dernier était accaparé par la série Remington Steele. De nombreux autres noms circulèrent : Sam Neill, Christopher Reeves, Sean Bean, Christophe Lambert. C’est finalement Timothy Dalton qui décrocha le rôle, après l’avoir refusé à l’époque de Vivre et laisser mourir (il ne se sentait alors pas assez mûr pour incarner l’agent 007). Evitant d’imiter l’assurance flegmatique de Sean Connery ou l’humour au second degré de Roger Moore, Dalton mise sur le réalisme et l’humanisation de son personnage. Le résultat est des plus convaincants, et l’intrigue de Tuer n’est pas jouer s’efforce donc de retrouver l’esprit d’œuvres telles que Bons baisers de Russie ou Rien que pour vos yeux.

Lorsque le film démarre, un agent du KGB de haut niveau est passé à l’Ouest, non sans qu’on ait essayé de l’abattre. Bond, qui a pour mission d’empêcher l’assassin d’agir, refuse de l’exécuter lorsqu’il découvre qu’il s’agit d’une jolie jeune femme (incarnée par Maryam d’Abo, bien moins évaporée que la plupart des Bond Girls). Le général Koskov (le pétillant Jeroen Krabbe) relève alors l’existence d’une opération baptisée « Smiert Spionnen », c’est à dire « mort aux espions » en russe (dont la contraction donne le fameux acronyme S.M.E.R.S.H.). Une liste a été dressée de ceux que le général Pouchkine affirme être les meilleurs agents britanniques et américains, et qu’il entend faire disparaître. L’Occident réagira par des mesures de rétorsion, pense-t-il, et tout cela finira par une guerre totale dans laquelle les Soviétiques auront le dessus.

Les adieux de John Barry

Toujours habile lorsqu’il s’agit de concocter des séquences d’action originales, John Glen nous gratifie ici d’un pré-générique extrêmement tendu au cours duquel un entraînement des agents 00 vire au massacre, ainsi que d’une course-poursuite où les héros s’enfuient en glissant sur la neige à bord d’un étui de violoncelle transformé en luge. Tuer n’est pas jouer marque aussi le grand retour de l’Aston Martin de 007, équipée d’une toute nouvelle batterie d’armes high-tech : rayons lasers camouflés dans les enjoliveurs, skis rétractables, lance-missiles dans les phares… Si Robert Brown reprend le rôle de M avec aplomb, Loïs Maxwell abandonne ici son personnage fétiche de Moneypenny (après 25 ans de bons et loyaux services) repris par la toute jeune Caroline Bliss. Une fois de plus, l’homme de main du grand méchant, qui porte le nom évocateur de Necros et qu’incarne à la perfection l’athlétique Andreas Wisnieswski, nous offre quelques-unes des meilleures scènes du film, notamment un époustouflant affrontement final en équilibre à l’arrière d’un avion-cargo. Tour à tour majestueuse, nerveuse et envoûtante, la partition de John Barry mixe l’orchestre symphonique et les rythmes synthétiques, tandis que les groupes a-ha et The Pretenders assurent les chansons des génériques. Le succès colossal du film (plus de 190 millions de dollars de recettes) prouva que Timothy Dalton était une géniale idée de casting, malgré un accueil critique des plus mitigés.

 

© Gilles Penso

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