SIMPLE MORTEL (1991)

Pierre Jolivet concocte un film de science-fiction ancré dans la réalité qui prend peu à peu des proportions apocalyptiques

SIMPLE MORTEL

1991 – FRANCE

Réalisé par Pierre Jolivet

Avec Philippe Volter, Christophe Bourseiller, Nathalie Roussel, Roland Giraud, Arlette Thomas, Marcel Maréchal, Daniel Milgram

THEMA EXTRA-TERRESTRES

Issu de la musique et de la scène, Pierre Jolivet a fait ses premiers pas au cinéma à travers la science-fiction, puisqu’il fut l’interprète principal, le co-scénariste et le co-producteur du Dernier combat, premier long-métrage de Luc Besson. Après avoir dirigé trois films ancrés dans le monde réel (dont le magistral Force majeure), il revient au genre avec ce Simple mortel pour le moins déroutant. Philippe Volter y incarne Stéphane Marais, professeur et traducteur de langues anciennes dans un centre de documentation et de recherche en linguistique. Son crédo : « les langues mortes, il faudrait pouvoir les parler couramment pour faire reculer la mort ». S’il est beaucoup plus terre-à-terre, son collègue et meilleur ami Fabien (l’inimitable Christophe Bourseiller) partage ses passions et son talent pour la traduction. Un jour, Stéphane se met à capter des interférences dans son walk-man, son réveil, son auto-radio… Bientôt, une voix émerge des parasites pour lui parler en teangorlarch, une langue gaélique que lui seul comprend. Confus, le message évoque un enjeu très important et lui enjoint de ne parler à personne de ce qu’il entend, sous peine de mettre ses proches en danger. Persuadé qu’il s’agit d’un canular, Stéphane s’interroge sur la technologie capable d’un tel prodige. Mais la voix revient régulièrement, provoquant chez le linguiste un trouble qui le pousse à consulter en vain une psychothérapeute. Les messages insistent sur l’importance des missions qui seront confiées à Stéphane : il doit traduire une série de mots anciens. S’il refuse, des vies humaines seront sacrifiées.

A bout, notre homme décide de se débarrasser de tous les appareils susceptibles de le perturber : radio, chaîne audio, téléphone, réveil, répondeur, fax… La conséquence ne se fait pas attendre : vingt personnes meurent dans un incendie à Madrid ! S’il ne se conforme pas aux messages suivants, un tremblement de terre ravagera le Japon. Evitant le désastre de justesse, Stéphane demeure dans l’incompréhension la plus totale. Tout semble se dérouler comme dans un gigantesque jeu de piste, mais qui tire les ficelles ? Une idée aberrante frappe alors l’imagination de Stéphane : et si des extra-terrestres jouaient avec lui comme des enfants avec un jeu vidéo ? Il n’a pas le temps de longtemps développer cette théorie, car la mission suivante a pour enjeu la survie ou la destruction de la planète Terre…

La survie ou la destruction de la planète Terre

Le concept de Simple mortel se distingue par son originalité et son inqiuétante étrangeté, dont Jolivet s’évertue à exploiter le potentiel à travers une mise en scène élégante, une direction d’acteurs sobre et une série de seconds rôles savoureux (Roland Giraud en agent d’assurance, Daniel Milgram en patron de bar, Guy Laporte en chasseur). Certes, le scénario ne parvient pas toujours à tirer le meilleur profit de cette idée de départ, et la relative pauvreté des dialogues ne concourt pas toujours à crédibiliser le récit. La suspension d’incrédulité du spectateur n’est donc pas gagnée d’avance. Le film parvient cependant à s’articuler autour de rebondissements captivants et de séquences de suspense d’une indéniable efficacité. Face à l’échec cuisant de Simple mortel, Jolivet reviendra à des intrigues plus réalistes qui lui vaudront une vraie reconnaissance auprès du public.

© Gilles Penso

Partagez cet article